L'attentat au journal satirique Charlie Hebdo a divisé les Algériens qui se sont exprimés sur les réseaux sociaux. Des ashtag je suis Charlie je_suis_Ahmed (le policier tué victime aussi) ont envahi les profils des internautes bouleversés. «Profondément choqué par le massacre de Charlie Hebdo. Je m'incline à la mémoire des victimes. J'ai toujours admiré l'immense Wolinsky», écrit un lecteur algérien de ce journal sur sa page facebook. «Pour ces déchets de l'humanité qui prétendent venger le prophète, qui ne leur a rien demandé d'ailleurs, Celui-ci dit : ‘‘L'encre de l'élève (savant, écrivain) est plus sacrée que le sang d'un martyr''», commente un autre. Certains expriment leur solidarité en changeant leur photo de profil avec des photos d'une des victimes ou une de leurs caricatures, ou tout simplement par un carré noir en signe de deuil. Frappés dans leurs principes et religion, des internautes défendent l'islam avec des versets coraniques qui incitent à la cœxistence ou qui bannissent l'assassinat tels que : «Si quelqu'un tue un homme sans qu'il y ait eu meurtre ou violence commise sur la terre, c'est comme s'il avait tué tous les hommes» [5:32] El Mâi'da. N. K., de son côté, dénie toute confession musulmane aux assassins : «Je suis musulman, mais ne me sens en rien concerné par le fait que le crime commis ait été au nom d'Allah ou pour venger le Prophète, ni même qu'ils soient des musulmans présumés». Dans le même sens, un Bougiote dédie un poème titré «Le Broyeur» aux victimes de l'attentat : «Si ce soleil était à portée de leurs mains ; Bien des démons l'auraient détourné». Sur les réseaux sociaux, une large part des commentaires est consacrée à la théorie du complot. «A qui profite le crime ?», demandent certains en laissant sous-entendre que ce drame pourrait être l'œuvre du gouvernement français pour lequel l'amalgame permettrait de détourner l'opinion publique des vrais problèmes des Français. A. A. se demande ainsi : «La France a armé les ‘‘rebelles'' islamistes en Syrie, et le ministre des Affaires étrangères français, Laurent Fabius, avait déclaré qu'Al Nosra faisait du ‘‘bon boulot''. Je ne sais pas ce qui est le plus ‘‘choquant'' : la barbarie des empereurs ou le terrorisme des faibles.» A. M. rappelle même la responsabilité de l'Etat français qui a soutenu la «révolution libyenne». «Je ne sais pas si le peuple libyen ‘‘condamne'' l'attentat qui vient de se produire en France. Cela dit, ils ne peuvent probablement pas le faire de manière officielle : ils n'ont plus de pays.» Des discours haineux envers le journal, il y en a eu aussi. Y. B. écrit : «Respectez ma religion et mon Prophète Mohamed (SAWS) ou la mort et la peur règneront dans vos cœurs et vos esprits.» Malgré l'effroi, l'humour a parfois percé : M. A. ironise sur facebook : «Je me suis toujours dit que si ça devait tourner trop mal pour moi, il me resterait les jupes de Marianne. Avec la tragédie de Charlie Hebdo, je commence à douter que les jupons de Marianne puissent me servir de gilet pare-balles...» Un autre sur facebook publie : «Il faut qu'ils attrapent ces salauds avant qu'ils ne tuent Eric Zemmour et qu'on soit tous obligés de scander : ‘‘Je suis Eric Zemmour''.»