Le parc d'attractions des Pins maritimes, situé à l'intérieur de la Safex, peut être considéré comme le seul « espace familial » de tous les autres sites de loisirs de la capitale. En témoigne l'affluence des familles qui le visitent quotidiennement. Pour maintenir cette image, la direction du parc fait tout pour décourager les jeunes à fréquenter les lieux. Quand nous nous sommes présentés à la caisse, l'agent en service, barbu et les moustaches rasées, changea aussitôt de mine et de ton. Inutile d'insister avec lui : l'accès est réservé aux familles. « Pour information, le parc est familial », annonce sur un ton d'injonction, une pancarte accrochée à la deuxième entrée. Ici, les jeunes peuvent y accéder monnayant la somme de 200 da, au moment où l'entrée et libre pour les familles. « Les jeunes, explique un agent, ne peuvent fréquenter le parc qu'à partir de 14 h et ce jusqu'à 18 h. On les contraindra à quitter les lieux pour laisser place aux familles qui peuvent y rester jusqu'à minuit trente minutes. » Les interdictions ne s'arrêtent pas là, puisque les jeunes sont priés de « respecter les lieux et les familles ». Aux femmes et aux jeunes filles, la direction refuse le port des tenues « indécentes ». A tout le monde enfin, il est refusé d'introduire des produits de large consommation comme la nourriture et les bouteilles d'eau. Ceux qui, par hasard, ramènent avec eux des vivres devront les laisser à l'entrée pour les récupérer en sortant. Une exception cependant : les mères peuvent garder les biberons des nouveau-nés. « C'est excessif », s'emporte un père de famille qui souhaite que sa femme apporte avec elle ses médicaments. Mis à part cette première série d'interdictions, le parc d'attractions est un « espace familial », s'accordent à dire les visiteurs, excepté, bien sûr les jeunes. Une visite rapide des lieux laisse entrevoir une relative propreté, une importante affluence des femmes et des enfants, et une bonne série d'interdictions. En dépit de l'existence des poubelles, des bouteilles d'eau vides et autres déchets sont abandonnés dans la nature. Des débris, engendrés par des travaux dans le parc, demeurent en place. Pour éviter les puanteurs, plusieurs pancartes invitent les parents à amener leurs enfants, en cas de nécessité, aux toilettes. A proximité de ces dernières, sont aménagés des buvettes et des espaces réservés à la prière. L'image la plus désagréable reste, cependant, celle de la station du train pour enfant ceinturée par des pneus usagés peints en rouge, blanc et noir. La circulation des visiteurs sur les espaces non bitumés a fait disparaître l'herbe, ne laissant que terre et poussière. A l'entrée du parc, l'on remarque, par ailleurs, de nombreuses familles, décontractées, attablées devant les pizzerias et les cafés. Elles se font plus nombreuses en fin de journée. Le coin le plus prisé reste cependant la tente saharienne où le thé, insiste-t-on, l'est tout aussi. En dehors de cela, la fréquentation des manèges est de mise, monnayant la somme de 50 da par jeu, avec des interdictions, parfois fantaisistes. Au Wave Swinger, une sorte de chaise mouvante, « le jeu n'est permis qu'aux enfants âgés de plus de 14 ans et mesurant 1,40m au minimum. ». Pour conduire une voiture, il faut avoir 10 ans et plus et mesurant au minimum 1,20 m. Ce jeu est « interdit aux moins de 10 ans même accompagnés », affiche-t-on. Le manège le plus prisé est celui où un petit train vous conduit vers des lieux ténébreux. Les responsables du parc ne sont pas allés trop loin pour le baptiser : la Peur, (en rouge clair) visible à l'entrée du site. Les échanges de propos entre père de famille et agent sur l'âge de ses enfants et les mesures ne sont pas rares.