L'UGCAA explique le «retour» de l'informel par la fermeture des marchés déjà livrés, mais surtout par l'échec du programme présidentiel de renforcement du réseau de distribution prévu dans le plan quinquennal 2010-2014. Les points de vente informelle éradiqués à la faveur de l'opération lancée en août 2012 ont repris de plus belle. «En 2012, les ministères de l'Intérieur et du Commerce ont lancé une opération de suppression des marchés informels. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, avait lui-même annoncé l'éradication complète de ces espaces avant le Ramadhan de l'année 2013. Nous constatons que tous les revendeurs ont réoccupé les espaces publics cette année-là et ces derniers mois», a estimé El Hadj Tahar Boulenouar lors d'une conférence de presse, organisée hier au siège de l'UGCAA, à Belouizdad. Fin décembre dernier, un bilan de l'opération lancée en 2012 a été fait par le directeur général de la régulation au ministère du Commerce, Abdelaziz Aït Abderrahmane, qui a estimé que «près de 63% des marchés informels ont été éradiqués depuis le lancement de cette opération d'assainissement en août 2012 jusqu'à septembre dernier». «Au total, sur les 1368 marchés recensés à l'échelle nationale, 864 ont été éradiqués et sur les 41 616 intervenants dans ces marchés illégaux, 18 610 ont été réinsérés dans des marchés de proximité», a-t-il indiqué. L'UGCAA estime que les chiffres du ministère du Commerce sont «faux» et précise que seulement 30% des points de vente avaient été éradiqués. «Le ministère du Commerce a indiqué que 70% des marchés informels ont disparu. Nous estimons que ce chiffre est d'à peine 30%. Il y a eu un retour fort du commerce. On dénombre actuellement 2000 points de vente. Il existe 1541 communes en Algérie. Il nous arrive de recenser jusqu'à deux points de vente par commune. A Oum Tboul (El Tarf), par exemple, j'en ai recensé 6, spécialisés dans le trafic de devises et autres. Nous espérons que les services du commerce rectifieront leurs chiffres», suggère Boulenouar. L'incapacité des autorités locales à juguler le phénomène, la fermeture d'espaces de vente légaux, l'échec du projet présidentiel de renforcement du réseau national de distribution sont derrière le retour en force de l'informel. «Sans l'implication des communes, il est impossible d'éradiquer le commerce informel. Plusieurs espaces de vente sont inoccupés à ce jour. Les walis doivent donner des instructions aux APC pour l'exploitation de ces espaces qui permettront la création de postes d'emploi et faire baisser les prix», relève-t-il en demandant au ministère des Finances de faciliter l'octroi d'assiettes de terrain pour la réalisation des marchés. Le plan national de renforcement du réseau de distribution prévu au plan quinquennal 2010-2014 aurait connu un taux de réalisation de 30% à fin 2014. «Le programme était prévu dans le programme du Président de 2009 et dans son plan quinquennal lancé l'année d'après. Il devait être complètement achevé fin 2014. Sur les 30 marchés de gros prévus, 3 ou 4 seulement ont été livrés», signale le porte-parole de l'UGCAA.