Sous réserve de l'instruction donnée à certains vétérinaires de s'abstenir de faire des déclarations obligatoires des cas de mortalité, la mystérieuse épidémie qui a frappé le cheptel bovin est, semble-t-il, « maîtrisée aujourd'hui ». La blue tongue, elle, continue de sévir au niveau des communes et localités sises à l'Ouest, comme c'est le cas à Taouiala et Tarkalal, où ont été enregistrés les plus forts taux de mortalité. « Ce sont les petits éleveurs semi-sédentaires qui ont été sévèrement touchés avec 20 cas de mortalité par troupeau en moyenne. Fort heureusement, les troupeaux des transhumants n'ont pas été affectés », affirment des éleveurs. Entre temps, pris de vitesse, les services concernés dépêchent deux camions-citernes de l'INPV et procèdent depuis plus de quinze jours au traitement des foyers avérés sis à proximité des cours d'eau et mares. Comme on a pu le constater sur place, trop longtemps livrés à eux-mêmes, et ce, avant que les services des APC n'interviennent, les propriétaires se débarrassaient des carcasses en les jetant dans les cours d'eau. « Les carcasses du bétail atteint traité sont jetées au niveau des oueds. La viande du bétail atteint non traité a été consommée, voire vendue à raison de 2000 DA la carcasse », affirme-t-on. Au regard des prix alléchants affichés sur les étals de bouchers en milieu urbain, soit 500 DA le kg pour l'agneau, 350 DA pour la brebis et autant par le caprin, on est tenté de faire le lien avec l'épidémie, il n'en est rien. Les raisons sont tout autres. En effet, c'est une règle du marché local, à partir du mois d'août, et ce, au niveau de l'ensemble des communes à vocation pastorale de Djelfa, Tiaret, Laghouat, le kilogramme d'agneau de lait est cédé à moins de 450 DA. Cependant, voir de tels prix affichés sur les étals de bouchers en milieu urbain, c'est du jamais vu, plus particulièrement à Aflou, où « une main invisible » veut que les prix ne tendent jamais à la baisse. Quoique très attractifs, ces prix renseignent sur la situation qui prévaut au marché de gros. Si d'habitude la baisse des prix par tête, liée à l'amorce du cycle de reproduction, où les éleveurs cèdent une partie de leur bétail pour faire le stock en aliments, n'avait aucune incidence sur les prix à la consommation, la raison est ailleurs. D'ailleurs, on ne peut parler de pressions en matière d'aliments, les parcours n'ont été que partiellement entamés et pourraient subvenir aux besoins jusqu'en novembre. « Sans risque de me tromper, la variation des prix est strictement liée à la demande au-delà et selon la perméabilité des frontières », affirme un connaisseur. Les acquéreurs qui venaient des wilayas frontalières de l'est et de l'ouest du pays ne se bousculent pas ni à Sougueur, ni à Aflou, ni à Djelfa. Pourvu que cela dure pour le consommateur algérien. Appréhension oblige, les éleveurs guettent le ciel profitant de l'aubaine, certains ont fait les provisions, un mouton à 8000 DA pour le Ramadhan.