Le Niger a souvent contrarié l'option algérienne qui a de tout le temps considéré que la sécurité dans la région est indiscutablement l'apanage des seuls pays frontaliers. Le président nigérien, Mahamadou Issoufou, a quitté hier Alger après une visite de trois jours. Il a rencontré tous les responsables algériens, son homologue Abdelaziz Bouteflika, en présence du président du Sénat Abdelkader Bensalah, du Premier ministre Abdelmalek Sellal, du directeur de cabinet de la Présidence Ahmed Ouyahia, du vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP), le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, du ministre de l'Energie Youcef Yousfi, et du ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines Abdelkader Messahel. Plusieurs dossiers aussi importants les uns que les autres ont été au menu des discussions, qui ont duré trois jours, entre les responsables des deux pays. De la question des réfugiés nigériens dont les autorités algériennes ont entamé le rapatriement depuis plusieurs semaines, de la coopération bilatérale entre les deux pays jusqu'aux questions sécuritaires, tous les sujets ont été mis sur la table et ont fait l'objet d'une attention particulière.Une attention particulière parce que le terrorisme au Sahel impose une sérieuse prise en charge, surtout une mobilisation au niveau de la menace que constituent les groupes armés pour la sécurité des pays de la région. Et le Niger partage avec l'Algérie près de 1000 kilomètres de frontière qu'il faut surveiller et sécuriser. La visite du président Issoufou à Alger revêt ainsi cette importance éminemment stratégique, d'autant plus que ce pays, un des plus pauvres au monde, a eu à défendre des options autres que celles exprimées par l'Algérie sur des questions aussi cruciales que celles qui concernent la vision de la lutte contre les groupes terroristes. Pas moins d'ailleurs que la problématique libyenne qui les met en désaccord total. Alors qu'Alger réfute toujours l'intervention étrangère dans ce pays en proie à une terrible guerre civile depuis la chute de Mouammar El Gueddafi, Niamey soutient le contraire et voit l'indispensabilité d'une intervention internationale pour résoudre le conflit libyen. Pas seulement. Le Niger, dont le Président vient de quitter Alger après une visite de trois jours, a toujours contrarié l'option algérienne qui a de tout le temps considéré que la sécurité dans la région est indiscutablement l'apanage des seuls pays frontaliers. Le séjour de M. Issoufou a-t-il donc aidé à aplanir ces divergences ? «Nous avons convenu de mobiliser et mutualiser nos capacités opérationnelles et de renseignements pour faire face aux menaces terroristes et organisations criminelles», a déclaré à l'APS le chef d'Etat nigérien à l'issue d'un entretien avec son homologue algérien, Abdelaziz Bouteflika. Pour lui, «l'Algérie et le Niger sont deux pays qui partagent près de 1000 km de frontière et qui ont de grands espaces désertiques dont il faut assurer la sécurité». «La coopération entre les deux pays se porte très bien» et est appelée à connaître «une nouvelle impulsion dans les domaines économique, politique, sécuritaire et social», soutient-il, optimiste peut-être après avoir entendu un autre discours de la part des responsables algériens. Ceux-ci ont longtemps, par myopie stratégique, tourné le dos à l'Afrique, mais visiblement, ils ont décidé – tel que cela a été exprimé à maintes reprises par le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra – de regarder un peu plus de ce côté-là des frontières algériennes. En tout cas, les deux parties semblent bien arrivées à coordonner leurs efforts pour lutter contre le terrorisme. Mais pas seulement, Alger sera aussi amenée, comme elle l'avait été par le passé, à consentir un effort de solidarité pour venir en aide à des voisins en sérieuses difficultés économiques et sociales, une des matrices de l'insécurité dans la région du Sahel. Mahamadou Issoufou n'est pas reparti les mains vides, l'Algérie s'est engagée à soutenir l'enseignement et la formation professionnelle avec la signature d'un protocole d'accord entre les deux pays.