The Economist Intelligence Unit estime également que la politique budgétaire actuelle n'est pas viable à long terme. L'Algérie dispose des capacités d'absorption d'un choc externe éventuel.» Une phrase que les patrons des départements en charge de l'économie et des finances et des autorités monétaires ne cessent de répéter afin de calmer les inquiétudes. Pourtant du côté des agences de rating, de légers signaux d'alarme commencent à retentir pour évoquer les pressions sur les équilibres budgétaires et commerciaux. Certes, l'Algérie dispose de réserves importantes pour faire face à la crise à court terme et n'envisage pas, pour l'heure, de plan d'urgence, encore moins de cure d'austérité. Cependant, le risque souverain menace de se dégrader. C'est du moins l'avis de l'agence de risque crédit britannique Economist Intelligence Unit. Bien qu'elle maintienne la note rating Algérie à BB, grâce notamment à un faible niveau d'endettement et à une importante épargne cumulée au sein du Fonds de régulation des recettes (FRR) ainsi que d'importantes réserves de change, l'agence précise dans une note publiée vendredi que des facteurs baissiers pourraient peser sur la note de l'Algérie. En tête, EIU cite la dépendance d'une seule source de revenus qu'est l'exportation des hydrocarbures pour alimenter un budget expansionniste sur fond de baisse des cours du pétrole. L'organe de rating précise ainsi que le score sous-jacent de l'Algérie s'est dégradé depuis la dernière évaluation remontant au mois de novembre 2014. Il est ainsi passé de 44 à 48, justifié par le creusement du déficit budgétaire, ainsi que celui du compte courant. The Economist Intelligence Unit estime également que la politique budgétaire actuelle n'est pas viable à long terme, d'où la nécessité d'améliorer les recouvrements de la fiscalité ordinaire, de réduire les subventions et de contenir la masse salariale du secteur public. Il n'en demeure pas moins que l'organe britannique donne un certain crédit à la position externe de l'Algérie. Le fait est que grâce à son épargne publique et à ses réserves de change, celle-ci demeure solvable. Le niveau d'endettement externe est très bas, en partie grâce à l'interdiction imposée aux entreprises de contracter des emprunts à l'étranger et la dette publique interne devrait se maintenir à un niveau de 10% entre 2015 et 2016. Or, poursuit EIU, si les politiques budgétaires expansionnistes sont maintenues, cela ne fera qu'augmenter les pressions sur les réserves et pourrait conduire à une accumulation rapide de la dette. Doutes sur la solidité du secteur bancaire Il est vrai que pour l'heure les pouvoirs publics misent sur une rationalisation des dépenses publiques et la réorientation de certains projets d'infrastructure vers le marché financier et bancaire renfermant d'importantes surliquidités mobilisées sans pour autant contribuer à la création de la valeur ajoutée. Mais voilà que l'agence de notation britannique émet des doutes sur la solidité du secteur bancaire algérien. Si celle-ci concède le fait que la déconnection du marché financier local de son environnement international lui a permis de conserver une certaine résilience aux chocs, EIU estime qu'une expansion du crédit à la consommation (grâce à sa réintroduction en faveur de la production locale en 2015), si elle n'est pas accompagnée d'une augmentation proportionnelle de l'évaluation des risques de crédit, pourrait soulever des doutes sur la qualité des actifs du secteur. Le jugement de l'organe de rating est d'ailleurs sans appel. Selon lui, la position extérieure nette des banques locales se serait considérablement détériorée en 2013 et en 2014. The Economist Intelligence Unit se penche également sur la politique de change menée par la Banque d'Algérie, précisant que celle-ci a permis depuis la mi-juin de déprécier fortement la parité du dinar face au dollar et ce, dans une tentative de limiter la demande à l'importation. Et d'ajouter que cette politique de change devrait se poursuivre en 2015.