Pour Abderrazak Makri, président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), les explications de texte s'enchaînent depuis sa décision d'entamer des négociations directes avec le pouvoir. Il faut dire que sa nouvelle démarche a provoqué un malaise dans les rangs de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD). Si officiellement, au sein des partis et personnalités politiques qui forment la CNLTD, on se veut compréhensif, en privé, certains ne s'empêchent pas de dénoncer le procédé. Pour des leaders de parti, le président du MSP les a mis «devant le fait accompli». Il est accusé d'avoir agi en solo et sans concertation. C'est en tout cas le reproche à peine voilé que lui fait le président du RCD, Mohcine Belabbas, qui, dans une déclaration à El Watan, rappelait que «les décisions au sein de la Coordination sont prises par consensus». Mais le président du MSP a dû également faire face, lors de la réunion, hier, avec les partis de la CNLTD, à des reproches de confrères qui ont mal vécu les accusations tenues dans la presse et qui les faisaient passer pour être contre tout contact avec le pouvoir. Devant la bronca, Abderrazak Makri a dû présenter des excuses et faire son mea-culpa lors du forum de Liberté, dont il était l'invité. Face au scepticisme de sa démarche qui ne lui garantit en rien une réponse du pouvoir, le président du MSP est acculé à défendre sa stratégie et à réaffirmer sa fidélité à ses principes. «Nous sommes contre le pouvoir, mais cela ne doit pas nous empêcher de dialoguer avec lui. Dans tous les pays du monde, on agit ainsi», a-t-il répété lors du forum. Par ailleurs, il a tenté de clarifier sa position et de rassurer ses partenaires. Pour le président du MSP, sa démarche n'est en rien en contradiction avec la plateforme politique qui demeure «sa base de travail». Mieux, il voit de la complémentarité entre les deux approches : «Notre démarche n'entrave en rien celle de la CNLTD. Au contraire, elle peut être complémentaire.» Et de rappeler que face aux difficultés que rencontre actuellement le pouvoir, c'est le moment d'entamer des discussions avec lui : «Le régime est dans une position de faiblesse. C'est, à notre avis, le moment de dialoguer avec lui.» Pour Abderrazak Makri, son parti se devait de riposter au danger que représente la démarche du Front des forces socialistes (FFS), accusé d'avoir réussi à effriter l'opposition. Pour le MSP, le FFS est parvenu à propager l'idée selon laquelle la CNLTD était contre tout dialogue avec le régime et que, par conséquent, il était le seul parti à pouvoir mettre en place une transition démocratique. «Nous sommes en compétition avec ce que propose le FFS, a assuré le leader islamique. Nous ne voulons pas leur laisser la voie libre.» Enfin, à ceux qui relient sa démarche aux attaques lancées par l'ancien président du parti, Bouguerra Soltani, qui avait critiqué la politique suivie par son successeur et l'avait menacé de «reprendre le parti s'il ne changeait pas de cap», Abderrazak Makri a d'abord répondu par le mépris. Il a assuré que les propos tenus par le «pauvre Soltani» ne «méritaient pas notre attention». Et de mettre au défi l'ancien ministre de Bouteflika de revenir à la tête du parti «s'il peut le faire démocratiquement», avant de rappeler que sa ligne politique avait été avalisée à «l'unanimité par le majliss echoura.» A bon entendeur…