Une secousse tellurique de magnitude 4,8 sur l'échelle ouverte de Richter a été enregistrée, dimanche à 21h06, dans la wilaya de Blida. Une secousse qui rallonge la liste des séismes enregistrés dans la région, particulièrement exposée au risque sismique. Les 80 stations sismiques nationales enregistrent près de trois séismes chaque jour, une moyenne de 90 par mois. Fort heureusement, tous ces séismes ne sont pas ressentis par la population. Mais la menace plane : le nord du pays, où se concentre le plus grand nombre de la population, peut être le théâtre de secousses désastreuses à n'importe quel moment. Le risque sismique est permanent sur toute la zone côtière jusqu'aux Hauts-Plateaux. Selon une étude algéro-française sur les risques de catastrophes naturelles dans la capitale, datant de 2013, «le Sahel et Blida présentent les plus importants risques de séisme, générant également des risques de tsunami à une hauteur d'eau au rivage de deux mètres pour une probabilité de survenance de quelques décennies». «Il ne faut pas être alarmiste, mais il ne faut pas pour autant être faussement rassurant. Le risque est là mais nous sommes face à un phénomène naturel et on ne peut que travailler sur la prévention, notamment concernant la construction», confie Kamel Lamali, chercheur au Centre de recherche en astronomie, astrophysique et géophysique (CRAAG). Entre inquiétude, prévision et sensibilisation, les experts hésitent. Une question de sécurité nationale Face à l'impossibilité de prédire les séismes, le respect des normes parasismiques dans la construction reste la seule solution évoquée par les experts. «De par sa situation géographique, l'Algérie enregistre une activité sismique permanente. La seule réponse qu'on puisse avoir face à cette menace est le respect des normes de construction parasismique et cela implique une réflexion qui implique toute la chaîne des métiers concernés par l'acte de bâtir», explique Mohamed Hammadache, chercheur au CRAAG. Face aux séismes à répétition que connaît l'Algérie, en plus de la menace d'effondrement des bâtisses, un autre danger guette les Algériens : la panique. Des gestes d'affolement ont ainsi été fatals à quatre personnes lors du séisme qui a frappé Alger en août dernier. Des cas de défenestration qui rappellent que les Algériens sont très mal préparés aux risques de catastrophe naturelle. «Notre préoccupation, au CRAAG, au-delà de la surveillance, est la réduction des risques. La seule manière d'y parvenir reste la construction selon les règles parasismiques. La population panique parce qu'elle n'a pas confiance en ces constructions», explique encore M. Hammadache. Beaucoup moins rassurant, Abdelkrim Chelghoum, expert en génie parasismique et numérique sismologie, note pour sa part «une fréquence inquiétante dans la région de Blida qui mérite qu'on s'y penche sérieusement, cela pourrait augurer d'un grand séisme à venir». «Sans vouloir être alarmiste, il faut impérativement que le gouvernement lance une investigation sur le mouvement des failles dans cette région où près d'une centaine de petits séismes (dont une quarantaine seulement a été ressentie par la population) ont été enregistrés en 5 mois» souligne-t-il. Pour l'expert, cette question devrait être traitée comme un problème de sécurité nationale et être prise en charge par le gouvernement : «Si un séisme de magnitude 7 sur l'échelle de Richter venait à survenir, ce serait désastreux pour le pays, je ne pense d'ailleurs pas qu'il pourrait s'en remettre…»