Dans une déclaration publique, l'ex-dirigeant du FIS dissous, Anouar Haddam, vient d'exprimer son vœu de revenir en Algérie et de bénéficier des dispositions de la charte de réconciliation nationale sous prétexte qu'il n'a jamais «encouragé ou revendiqué des attentats terroristes». Il annonce avoir «gagné la bataille» contre son extradition en Algérie, se basant sur une décision rendue le 29 janvier dernier par le tribunal fédéral, et revient sur son arrestation aux Etats-Unis où il s'est réfugié dès 1992 et son incarcération en 1996 pour une «durée de cinq ans» avant d'être «assigné à résidence surveillée en 2000, ne pouvant voyager qu'avec une autorisation des autorités». L'ancien dirigeant du parti dissous s'est attaqué avec virulence à l'Administration Bush, qui lui a refusé le statut de réfugié politique après les attentats de 2001 et décidé de l'extrader vers l'Algérie en raison, dit-il, «des accusations colportées par une presse aux ordres». En décembre 2013, la justice, a-t-il déclaré, a estimé que «le ministre de la Justice avait le droit de lui refuser l'asile politique», mais «pas de l'extrader vers l'Algérie en raison de l'absence de preuve sur son implication dans le terrorisme. Le 29 janvier dernier, cette décision a été confirmée par le tribunal fédéral». Haddam rejette toutes les accusations faites à son encontre en affirmant que ses activités étaient purement politiques et entraient dans le cadre de son opposition à l'arrêt du processus électoral de décembre 1991. «Ce sont les mêmes raisons qui m'ont poussé à signer, le 25 septembre 2006, ma demande pour bénéficier des dispositions de la charte pour la réconciliation nationale, d'autant que je ne suis impliqué ni dans le terrorisme ni dans la violence (…). Aujourd'hui je viens réitérer ma demande de rentrer au pays dans le cadre de cette loi, qui me permet d'avoir tous les droits politiques et civils que garantit l'Etat algérien à tous ses citoyens.» Ainsi, Anouar Haddam, après avoir perdu toute chance d'obtenir l'asile politique aux USA, veut rentrer au pays à condition d'être blanchi comme l'ont été ses anciens «camarades du parti» par le président Bouteflika, à travers la loi portant réconciliation nationale. Cet ancien cadre de l'ex-FIS, faut-il le rappeler, avait bel et bien justifié, pour ne pas dire revendiqué, l'attentat contre le commissariat central, situé boulevard Amirouche (Alger), le 30 janvier 1995, qui avait fait une quarantaine de morts et 286 blessés. Ce sont ses propos qui ont été à l'origine de son arrestation et son incarcération aux Etats-Unis et ont justifié la demande de son extradition vers l'Algérie. Plusieurs associations de femmes et de familles de victimes du terrorisme avaient, quelque temps plus tard, déposé une plainte à son encontre aux Etats-Unis, dont la procédure n'est toujours pas close. Son vœu de revenir en Algérie et de bénéficier de la loi sur la réconciliation nationale ne peut en aucun cas faire oublier ses propos, tenus alors que les Algériens ramassaient les lambeaux de chair et les parties calcinées des victimes. Il est aussi important de rappeler qu'Anouar Haddam a pris part à la rencontre de Sant'Egidio, à Rome, en 1995, non pas au nom du parti dissous, mais du GIA qui l'avait nommé, en 1993, ministre des Affaires étrangères d'un gouvernement qui n'a pas fait long feu. Il s'était rendu aux USA, après avoir obtenu le quitus des Américains. Autant de vérités qui doivent être rappelées en ces temps d'amnésie, et ce, par respect à tous les martyrs du devoir et de la démocratie.