L'opéra italien, la musique symphonique chinoise et le compositeur allemand Ludwig Van Beethoven étaient à l'honneur, mardi soir, à la grande salle du Théâtre national algérien (TNA) d'Alger à l'occasion d'un concert historique de l'Opéra de Pékin et de l'Orchestre symphonique national (OSN). Devant une salle archicomble, les musiciens chinois et algériens ont exécuté, sous la direction du maestro Amine Kouider, des partitions avec beaucoup de maîtrise et de finesse. La soirée a été lancée par une ouverture signée par le compositeur chinois X. Liang. Accompagné du Sino-Canadien Li Zhe, premier violon du quartette de l'Opéra de Pékin, Amine Kouider a invité l'orchestre à reprendre une musique traditionnelle du peuple Yao (minorité vivant dans le sud de la Chine et au nord du Viétnam). Le ténor Jin Zhengjian, l'un des plus célèbres interprètes de Chine, a chanté O Sole Mio (mon soleil) composée par le napolitain Eduardo Di Capua : «Quelle belle chose qu'une journée de soleil, un air serein après une tempête ! Pour l'air frais on se croirait en fête…» Le ténor a enchaîné avec Nessun dorma (que personne ne dorme), extrait du célèbre opéra de Giacomo Puccini, Turandot (le compositeur italien est décédé avant de terminer son œuvre vers 1924). Jin Zhengjian a été rejoint par la soprano Liu Hongling pour l'interprétation d'un extrait de La Traviata, un opéra de Giuseppe Verdi. Une prestation fortement applaudie par le public. L'interprétation en duo de I love China, la chanson du chinois Zheg Qiufeng – composée à l'origine pour un film produit à la fin des années 1970 – fut un grand moment de musique. Amine Kouider a voulu, en deuxième partie de soirée, rendre hommage à Ludwig Van Beethoven en jouant la 7e Symphonie, la plus classique des œuvres du compositeur allemand. La plus énigmatique aussi ! Elle fut présentée au public en décembre 1813 à Vienne. Cette symphonie est également l'une des plus utilisée par le cinéma. Tom Hooper, Raoul Ruiz, Jean-Luc Godard, John Boorman, Hong Sang Soo l'ont, entre autres, utilisé pour leurs films en raison de sa forte densité musicale, voire spirituelle. La soirée a été clôturée avec Rihla, morceau arrangé par Smail Benhouhou à partir d'airs algériens connus comme Ya Rayah et Goumari. Le concert en sold out de l'Opéra de Pékin et de l'OSN, mardi soir, prouve encore une fois l'intérêt du public algérien pour la musique classique. Il serait préférable dans le futur de programmer plusieurs soirées pour permettre à un large public d'assister. «Nous avions du mal à fermer les portes et à dire aux gens qu'il n'y avait plus de places», a regretté un responsable du TNA. L'OSN, que dirige Abdelkader Bouazzara, prépare une grande soirée consacrée à Beethoven pour le 15 mars prochain à Alger. Rendez-vous est donc pris !