La nouvelle ville Ali Mendjeli, une gigantesque cité-dortoir, est toujours sans statut. Il faudra attendre le nouveau découpage administratif qui concerne le nord du pays, en 2017, pour voir si cette mégacité sera daïra ou wilaya déléguée. Le statut de la nouvelle ville Ali Mendjeli ressurgit de nouveau au lendemain des déclarations du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, au sujet de la création de wilayas déléguées à travers le territoire national. A la lumière de ces déclarations, tout porte à croire que la dotation de la nouvelle ville Ali Mendjeli d'un statut ne pourra être possible qu'à partir de 2017, soit avant la double consultation populaire (législatives et communales) de 2017. Cette nouvelle donne s'explique par les dernières orientations du gouvernement relatives au nouveau découpage administratif qui se fera progressivement sur deux ans : dans le Sud en 2015, dans les Hauts-Plateaux en 2016 et dans les régions du Nord en 2017. De l'avis de certains experts, cette phase de transition de deux ans impactera certainement la gestion de la mégacité Ali Mendjeli, créée il y a quinze ans et qui verra sa population croître davantage, d'autant qu'il est attendu que celle-ci atteigne prochainement les 400 000 habitants. A la faveur du transfert des populations des bidonvilles et menacées par les glissements de terrain, en sus des programmes de logements promotionnels et sociaux en tout genre, la nouvelle ville Ali Mendjeli aura plus que jamais besoin d'un statut. Daïra ou wilaya déléguée ? Dilemme. Depuis sa création, elle représente une escale obligatoire pour les officiels en visite d'inspection à Constantine. Elle est également itérativement affublée de divers sobriquets par la population locale. Du côté de l'exécutif central, on excelle aussi dans l'art de dépeindre cette tentaculaire mégacité. Une ville «hideuse», avait soutenu, en décembre 2012, Amara Benyounès, ex-ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et de la Ville, offusqué par le conglomérat impersonnel de béton qui s'étend à perte de vue. Même constat pour le Premier ministre qui avait, à maintes reprises, dénoncé le manque d'infrastructures au niveau d'Ali Mendjeli, reléguée au rang de vulgaire cité-dortoir. Une gigantesque cité-dortoir toujours en mal de statut. Mauvaise réputation En visite à Constantine en décembre 2014, Abdelmadjid Tebboune, ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme avait, lui aussi, évoqué cette épineuse question, faisant une énième déclaration qui vient s'ajouter à celles, antérieures, d'Amara Benyounès et Abdelmalek Sellal. En attendant, ce fameux statut continue à se faire désirer alors que cette cité tentaculaire dépasse actuellement, en nombre d'habitants, certaines wilayas du pays. Elle compterait, aujourd'hui, près de 300 000 habitants et devrait dépasser le seuil des 400 000 d'ici 2015, selon M. Tebboune qui n'a pas manqué, lui aussi, de qualifier cette nouvelle ville de «catastrophe urbanistique». Au demeurant, les citoyens de cette mégacité ont droit à chaque visite à un festival d'épithètes et d'annonces relatives au futur statut de la nouvelle ville, mais il n'y a, pour l'heure, rien d'officiel. Au cours de la visite de M. Sellal à Constantine, en février 2013, d'aucuns pensaient que son déplacement allait être couronné par une décision d'ériger Ali Mendjeli en daïra, mais le suspense reste entier. «Nous avons l'impression, nous autres habitants de la nouvelle ville, d'être des parias. Le jour où cette mégacité a été créée, il fallait penser aux structures d'accompagnement au lieu de bâtir des logements à perte de vue. Il fallait aussi penser à la sécurité des lieux. Avec les violents conflits qui se déroulent dans certaines unités de voisinage, la nouvelle ville a la mauvaise réputation, aujourd'hui, de ville coupe-gorge», raconte, désappointé, un résident d'Ali Mendjeli. Il faut dire que depuis sa création, cette mégaconcentration urbaine, érigée sur les territoires de la commune d'El Khroub et de Aïn Smara, est privée de «filiation». Les responsables locaux interpellent, depuis plusieurs années, les autorités centrales pour trouver une solution à cette nouvelle ville qui a fini par devenir la deuxième agglomération urbaine en termes de population et d'infrastructures après le chef-lieu de la wilaya. Une solution provisoire Contacté à ce sujet, le Pr Aberkane, président de l'APC d'El Khroub, nous a affirmé qu'«il n'y a effectivement rien de nouveau concernant le statut de la nouvelle ville Ali Mendjeli. Le gouvernement a jusque-là préféré différer le découpage administratif qui est un dossier sensible. Un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) a néanmoins été créé par décret, en avril dernier, à défaut de statut. Il s'agit d'un renforcement important censé faciliter la souplesse dans la prise de décision en réponse notamment à des problèmes intercommunaux». Une solution provisoire, en somme, en attendant le découpage administratif annoncé par Abdelmalek Sellal. La croissance effrénée de la nouvelle ville Ali Mendjeli a atteint une telle ampleur que les services de la wilaya ont été contraints d'engager un programme d'urgence de mise à niveau. Cette mise à niveau ordonnée par le Premier ministre comporte des projets dans différents secteurs. Ainsi, pour pallier en priorité à la surcharge des classes et au manque d'écoles, les pouvoirs publics ont entrepris de réaliser 50 groupes scolaires, 25 CEM et 15 lycées à construire d'ici fin 2015. D'autres projets sont également prévus : un stade, sept complexes sportifs de proximité (CSP), sept maisons de jeunes, deux piscines de proximité, une auberge de jeunes, une salle omnisports et 20 terrains de sports de proximité, et ce, au cours de l'année 2015. En outre, les habitants de la nouvelle ville bénéficieront également des prestations de quatre nouvelles polycliniques et 30 salles de soins en cours de réalisation. Ce programme budgétisé par le gouvernement devrait certes permettre à Ali Mendjeli de faire face à une croissance exponentielle en terme d'habitants. Toutefois, cette demande pressante a fait passer l'esthétique au second plan, impactant le paysage urbanistique de la nouvelle ville. Bref, quand bien même Ali Mendjeli est «hideuse» ou «catastrophe urbanistique», dixit des ministres de l'Exécutif Sellal, elle a néanmoins besoin d'un statut. Alors, daïra ou wilaya déléguée ?