La fondation ANMA/F organise, jusqu'à avril à Paris, une expo originale sur Alger la ville, la ville en vie, son urbanisme et son devenir. L'occasion de revenir, aussi, avec les architectes Mohamed Larbi Merhoum et Halim Faïdi sur les grands défis de la ville et ses possibilités. C'est l'histoire d'une rencontre : en 2012, Nicolas Michelin, architecte français atypique et engagé, découvre Alger et c'est le choc. C'est son collègue, nouvelle connaissance algéroise, Mohamed Larbi Merhoum, qui l'accueille dans cette ville d'où l'architecte français repart «subjugué, avec la soif de revenir» et c'est ainsi que naît l'idée d'un travail autour d'Alger chez Michelin, «fondateur de l'agence ANMA et qui fait partie de ces rares architectes parisiens que la renommée incontestable et le volume impressionnant d'affaires n'ont pas perverti, explique Merhoum. Les débats que suscitent les expositions polémiques sur les toits de Paris ou sur le coût du logement, organisées par la fondation ANMA/F, sont autant de moments rares de vérité». Depuis décembre 2014 jusqu'à avril de cette année, l'expo «Alger en vies» a donc élu domicile dans les espaces parisiens de La Manne, avec des débats (animés notamment par Mohammed Hachemaoui, Abderrahmane Hadj-Nacer, Kamel Daoud, Jérome Ferrari, Sofiane Hadjadj, Halim Faïdi, etc.) et la publication d'un faux journal dont les articles, qui décortiquent aussi bien l'urbanisme algérois que la politique ou la poétique de la ville, et les photos (notamment de Youcef Krache) tentent de répondre à cette question lancinante posée des deux côtés de la Méditerranée : mais que se passe-t-il donc à Alger ? «Apparemment rien, du moins rien qui ressemble à d'autres villes comme Tunis, le Caire ou Tripoli», répond Merhoum, commissaire scientifique de l'expo aux côtés de Michelin, dans l'argumentaire de l'expo dans une sorte de dialogue avec le fondateur de ANMA/F : «De quel Alger tu veux parler ? Alger des Algérois, Alger vue de paris ? - En fait, les deux ! - Tu sais, c'est compliqué ! Cela ne se superpose pas à tous les coups, c'est même parfois antinomique ! Mais il y a un Alger pour les âmes sincères et généreuses qui ne change jamais… et puis, il y a ce désir incompressible d'écrire un avenir possible, partagé de la Méditerranée…» «Cette exposition, explique encore Nicolas Michelin dans le catalogue, tente d'ouvrir des portes sur les vies à Alger, et de découvrir l'avenir commun qui pourrait se dessiner. A travers deux regards, celui de l'Algérois qui relate et fait parler ses amis et celui de l'extérieur qui observe et questionne cette belle inconnue, Alger se révèle.»