Les opposants au gaz de schiste ont organisé, le week-end dernier, une marche et un sit-in de protestation devant la maison de la presse Abdelhamid Nedjah de Ouargla pour dénoncer, disent-ils, «la partialité des médias locaux devant la mobilisation citoyenne tenue depuis sept semaines en solidarité avec In Salah». In Salah, où sept associations de l'environnement travaillent d'arrache-pied depuis plusieurs années pour convaincre les 45 000 habitants d'adopter une démarche écologique au quotidien, a donné à réfléchir à Ouargla. Emboîtant le pas à la capitale du Tidikelt qui a opté pour la préservation de l'environnement grâce à son instinct de survie, Ouargla a pu imposer son mode de contestation désormais permanent avec une kheïma en plein Souk El Hedjar où s'organisent chaque jour des débats à ciel ouvert où des citoyens bravent le froid et la pression des autorités pour venir écouter des experts prêcher contre «le danger qui guette les eaux souterraines du Sud, son sol et son ciel». Un programme hebdomadaire de conférences- débats ambulantes à travers les quartiers et les communes de la wilaya a été mis en œuvre durant la semaine écoulée, où chaque quartier a pu organiser sa propre conférence.Muni d'un kit informatique et d'un data-show, le professeur Segni Laadjal, enseignant à l'université de Ouargla et opposant farouche à l'exploration et l'exploitation des huiles et gaz de schiste, anime quasi quotidiennement des conférences-débats où la vulgarisation et la pédagogie écologique trouvent leur place devant un auditoire très intéressé par cette thématique qui fait polémique, surtout après la résistance du mouvement d'opposition à In Salah. «L'engouement des gens, même de nuit, nous encourage à aller vers chaque coin de la ville pour rallier de nouveaux militants», affirme Aibek Ag Sahli, coorganisateur des six manifs antigaz de schiste de Ouargla. Tant qu'In Salah résiste et tient le coup, Ouargla, où la contestation écologique pend désormais son ancrage populaire après celui universitaire, ne renonce pas.