La réduction des volumes de cours due aux grèves répétitives a un coût social, économique et politique. Les grèves font perdre à l'élève plusieurs heures qu'il aurait dû consacrer à l'apprentissage. Les grèves à répétition dans le secteur de l'éducation compromettent les chances de réussite des élèves. Au ministère de l'Education nationale, on signale que ces grèves, devenues récurrentes depuis une décennie, font perdre à l'élève plusieurs heures qu'il aurait dû consacrer à l'apprentissage. «Quand on fait le total des jours et des semaines perdus depuis dix ans, on constate une perte sèche de deux ans, ce qui fait que les élèves algériens, en fin de cursus moyen ou secondaire, sont l'objet d'un déficit de deux ans par rapport aux élèves de la région ou du monde», constate Farid Benramdane, inspecteur général de la pédagogie au ministère de l'Education nationale, interrogé par El Watan. Selon cet ancien membre de la commission nationale de réforme du système éducatif (mai 2000), la réduction du cursus scolaire sur un plan qualitatif a «des répercussions irrémédiables en termes de maîtrise des langages». «Le profil de sortie du bachelier algérien, en raison de la chute des contenus structurants de certaines disciplines (probabilités, intégrales, ondes, pensée d'Ibn Rochd, etc.), est en porte-à-faux avec les prérequis des profils d'entrée à l'université qui, eux, s'inscrivent dans la standardisation internationale des diplômes (LMD)», estime M. Benramdane, faisant remarquer qu'il n'est guère exagéré de dire que si ce processus d'arrêt des cours «répété et exagéré» se poursuit, on risque de se retrouver avec une population «sous qualifiée pédagogiquement et disqualifiée scientifiquement». La moyenne internationale en enseignement annuel est de 38 semaines, auxquelles s'ajoute 4 semaines d'évaluation. En Algérie, la loi d'orientation de janvier 2008 a fixé un «stock» de 32 semaines. Menace sur l'école publique «En 2014, les élèves ont étudié pendant 24 semaines seulement ! Comparativement, dans des pays comme le Qatar et le Mexique, le volume cumulé annuellement est de 44 semaines, plus 4 ans d'évaluation», précise M. Benramdane. La réduction des volumes due aux grèves répétitives a un coût social, économique et politique. «Nous allons à terme vers une population en déficit en matière de compétences, donc exclue du marché de l'emploi. Une école à plusieurs vitesses se mettra en place. L'école publique vit une décélération qualitative depuis une dizaine d'années. Sur le plan politique, si on ne réagit pas très vite pour remettre de l'ordre par le biais d'une charte d'éthique et de stabilité, on va aller vers une génération sacrifiée. Cette situation risque de remettre en cause le sacro-saint principe de la gratuité de l'éducation depuis notre indépendance», énumère-t-il, en signalant que le ministère a constaté que le taux de suivi de la grève est plus important chez les enseignants de mathématiques et de physique, qui «préfèrent donner des cours particuliers à 3000 DA l'heure à Alger». Quelle est l'action menée par la ministre de l'Education nationale, Mme Benghebrit, pour éviter la catastrophe ? «L'action de la ministre, en priorité, est de rétablir les standards internationaux en matière de temps scolaire. C'est la priorité des priorités», admet l'inspecteur.