Difficile sera la reconstruction du pays du Cèdre. Les 34 jours qu'a duré l'agression israélienne contre le pays ont fini par annihiler les efforts entrepris par le pays depuis 15 ans pour se relever de la guerre civile. Les pertes économiques du Liban se chiffrent par milliards. Selon le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), « les dégâts sont évalués au moins à 15 milliards de dollars, sinon plus ». « Les dégâts sont tels que les 15 dernières années de travail sur la réhabilitation et la reconstruction avec les ennuis précédents qu'avait connus le Liban sont d'ores et déjà annihilées », a souligné le porte-parole du PNUD, Jean Fabre. Le PNUD a estimé que tous les progrès réalisés dans ce pays dans la voie des objectifs du millénaire de l'ONU pour le développement sont ramenés à zéro. Cela ne fera que compliquer la tâche du Liban, déjà surendetté. Pour Jean Fabre, le pays, qui s'était endetté pour financer sa reconstruction après la guerre civile, aura encore plus de difficultés à payer les nouveaux investissements nécessaires. « La dette du pays était déjà si grande que la capacité de remboursement était déjà insuffisante. Maintenant, le pays ne pourra même plus rembourser », a-t-il déclaré. En effet, la destruction des infrastructures de base du pays se chiffre, a indiqué le haut comité des secours, dépendant du Premier ministre libanais, à 3,6 milliards de dollars. Car il va falloir, selon ce dernier, reconstruire quelque 15 000 habitations, 80 ponts et 94 routes détruits ou endommagés. De leur côté, des experts libanais ont jugé qu'il faudra dix milliards de dollars pour reconstruire toutes les infrastructures, le tissu industriel et sauver de la faillite des milliers d'entreprises. Pour les agences de l'ONU opérant sur place, l'évaluation exacte des dommages prendrait des semaines. Les problèmes les plus urgents, ont ajouté ces agences, sont en particulier l'approvisionnement en eau potable, l'assainissement et les munitions. L'Unicef, pour sa part, a indiqué que les canalisations ont été détruites dans 10 des 12 quartiers visités ces derniers jours. « Où que nous allions, on ne parle que de l'eau et des besoins en eau », a souligné un expert de l'Unicef, Paul Sherlock. Les besoins en eau potable sont énormes. Il faut, selon l'Unicef, 100 000 litres d'eau en bouteille chaque semaine pour les habitants des villages du Sud libanais. « Il y a un travail énorme à faire sur les infrastructures mais l'accès à l'eau pose aussi le problème des munitions non explosées parce qu'il faut creuser les décombres pour trouver les canalisations, donc c'est très dangereux », a expliqué M. Sherlock. Les besoins en matière d'éducation sont également très importants. Selon le ministre libanais de l'Education et de l'Enseignement supérieur, ils s'élèvent à 70 millions de dollars. « Les premières estimations des besoins à court terme de ce secteur s'élèvent à 70 millions de dollars », a-t-il déclaré, hier, à l'ouverture d'un colloque à Beyrouth intitulé « Première rencontre de solidarité avec le secteur de l'éducation au Liban ». Le montant inclut la reconstruction et la réhabilitation des écoles, l'achat de mobilier scolaire et la formation des enseignants pour gérer les traumatismes des élèves engendrés par la guerre. « Ces chiffres sont basés sur une première évaluation des zones sinistrées », a-t-il dit. Au cours du colloque, la Banque mondiale a annoncé qu'elle allait débloquer 12 millions de dollars au profit de près d'un million d'élèves scolarisés au Liban, de la maternelle au baccalauréat. La guerre a également causé des pertes conséquentes au secteur du tourisme, avoisinant le milliard de dollars.