Battu aux élections législatives du 25 janvier par le mouvement islamiste Hamas, le mouvement Fatah, pilier de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) tente timidement de colmater ses brèches. Presque absent depuis cette date sur la scène politique interne, le Fatah tente de refaire surface à un moment où la société palestinienne commence à montrer des signes de fatigue dues à l'incapacité du gouvernement issu du Hamas, installé depuis le 25 mars, à lui assurer le minimum vital nécessaire à la poursuite d'une vie décente. Pour la première fois depuis le 25 janvier, le comité central du Fatah s'est réuni mercredi et jeudi à Amman, la capitale jordanienne. Certains de ses membres étant interdits par Israël de rentrer en Palestine. Le comité central a proclamé que le Fatah était prêt à faire partie d'un gouvernement d'union nationale comme seule issue de mettre fin à l'isolement palestinien sur la scène internationale, aux côtés du Hamas, sur la base du document d'entente nationale, élaboré par des cadres de différents mouvements palestiniens, dont le Hamas, détenus dans les prisons israéliennes. Ce document reconnaît implicitement Israël et appelle à la création d'un Etat palestinien dans les territoires occupés en 1967. Nabil Shaâth, membre du comité central, a déclaré que le Fatah est opposé à la mise en place d'un gouvernement palestinien formé de technocrates et qu'il préfère un gouvernement auquel participent les différents mouvements politiques palestiniens. Le président Mahmoud Abbas a déclaré, pour sa part, que « les Palestiniens s'apprêtent à former un gouvernement d'union nationale sur la base du document d'entente nationale ». Il a, par ailleurs, indiqué que « le Fatah s'est entretenu sur le sujet avec les différentes forces politiques palestiniennes mais sans entrer pour l'instant dans les détails ». Considérés par les Etats-Unis et l'Union européenne, principaux pourvoyeurs de l'Autorité palestinienne, comme un mouvement terroriste avec lequel il est interdit de traiter, le Hamas et le nouveau gouvernement ont été soumis à un embargo international sévère et à un chantage politique. Pour la levée de cet embargo, les principaux donateurs exigent du Hamas la reconnaissance de l'Etat d'Israël et l'arrêt de la lutte armée, ce qu'il refuse catégoriquement. Ajouté à l'état de siège ininterrompu imposé par l'Etat hébreu aux territoires palestiniens et l'incapacité du monde arabe à jouer un rôle quelconque pour la levée de cet embargo ou le financement de l'Autorité palestinienne, le gouvernement est quasiment paralysé. 160 000 fonctionnaires civils et militaires ont été privés de leurs salaires durant 6 mois consécutifs, ce qui a plongé les territoires dans une crise économique et financière grave. Le taux de chômage a atteint des niveaux jamais égalés, la misère et la pauvreté touchent près de 70% des familles palestiniennes. Depuis l'instauration de la trêve entre Israël et le Hezbollah libanais, les palestiniens ont entamé des mouvements de protestation, dont des manifestations et des mouvements de grève. La plus forte manifestation a eu lieu jeudi à Raffah, au sud de la bande de Ghaza, où près de 30 000 personnes ont scandé des slogans contre la politique du gouvernement et exigé le versement des salaires. Des secteurs comme celui de l'éducation et de la santé ont menacé le gouvernement de déclarer une grève illimitée, ce qui met en danger la prochaine rentrée scolaire, prévue pour le 2 septembre. D'un autre côté, Israël, qui ne se contente pas d'imposer un blocus total aux territoires, a poursuivi ses agressions et ses crimes contre les palestiniens. Lors d'une incursion dans la petite ville de Abassane à l'est de la ville de Khan Younès, au sud de la bande de Ghaza, un militant du Hamas a été arrêté à son domicile alors que son frère a été tué. Au cours de la même opération, effectuée par une vingtaine de chars israéliens, 4 palestiniens ont été blessé, par les éclats d'un obus. Hier à l'aube, les forces israéliennes ont tué un militant du Djihad islamique dans le secteur de kissoufim, un point de passage entre Israël et l'est de Ghaza-ville. Au moins 186 Palestiniens et un militaire israélien ont péri dans les opérations militaires israéliennes lancées depuis le 28 juin dans la bande de Ghaza. Par ailleurs, 9 Palestiniens ont été blessés jeudi, vers minuit, lors d'un raid de l'aviation israélienne contre une maison de trois étages au camp de réfugiés de Jabalia au nord de Ghaza — appartenant à un militant des brigades des Martyrs d'El Aqsa, la branche militaire du Fatah, qui a été totalement démolie — et une autre maison appartenant à un militant du Hamas dans la ville de Ghaza. L'armée israélienne a, en outre, tenté d'éliminer, mercredi soir, le chef de la branche militaire du Djihad islamique en Cisjordanie occupée, Houssam Jaradat, lors d'une opération menée par une unité spéciale dans le camp de réfugiés de Jenine, dans le nord du territoire. Des soldats israéliens, vêtus en civil et se déplaçant à bord d'une voiture portant une plaque d'immatriculation palestinienne, ont ouvert le feu sur Jaradat, 35 ans, le blessant de plusieurs balles, notamment à la tête.