Rachid Boudjedra, invité du café littéraire de la maison d'édition et librairie Dar El Hikma, en présence de la gent féminine, d'amis du livre, de journalistes et d'auteurs comme Hamid Abdelkader, du directeur de Dar El Hikma et président du SNEL( Syndicat national des éditeurs du livre), Ahmed Madi, y a observé une halte littéraire littéralement dédiée aux femmes de par le monde. Et plus précisément à celle algérienne à laquelle il a rendu un hommage appuyé. Et, de surcroît, un témoignage de respect à la condition féminine. La femme occupe une place récurrente et de choix dans sa quarantaine d'œuvres traduites dans 50 pays. Car ses muses qu'il taquine à souhait, ce sont sa mère, sa matrice, Selma ou encore Teldj, héroïne saphique de son dernier roman intitulé Printemps. «Mon écriture est alimentée par ma mère nourricière, la fondatrice de l'humanité. La femme a un instinct inné. J'ai ‘‘écrit'' ma mère, ma femme, ma fille, les femmes que j'ai aimées dans ma vie… L'homme maghrébin aime sa mère et hait sa femme (rires)… Je suis un bon témoin. Je suis devenu écrivain quand j'ai vu mon père opprimer ma mère. Voir les femmes de mon père, cela a été une torture. Seul mon grand-père était ‘‘féminin''. Il respectait beaucoup les femmes… Le moteur dans mon écriture, c'est la femme. Elle donne la vie…». Au nom de mon père ! A propos de la loi portant sur la violence contre les femmes, Rachid Boudjedra soulignera : «Cinq partis islamistes, le ‘‘Front vert'', la refusent. Cela montre que les gens sont dans un réflexe archaïque. Pour moi, le pouvoir, l'Etat, est progressiste car œuvrant pour une loi protégeant les femmes des violences qu'elles subissent par analogie à des gens complètement réactionnaires… C'est comme le problème de propreté et d'hygiène. Le citoyen n'est pas encore prêt à être propre en dehors de chez-lui…». Quant à son trait cursif proprement dit, Rachid Boudjedra confessera et confiera : «Je suis toujours dans mon autobiographie et dans la psychologie avec mon père. Je suis dans la blessure. J'écris un seul roman depuis le début. La blessure est récurrente…». Faisant l'état des lieux de la condition féminine à travers le monde, il retracera le long combat des Suffragettes de Chicago, le droit de vote des femmes en Suisse en… 1987, les disparités entre l'homme et la femme en matière de rémunération dans des pays… européens de l'ordre de 23% par opposition à l'Algérie où la parité existe. Sans démagogie aucune, il encouragera la ministre de l'Education nationale, Mme Nouria Benghebrit : «Elle a essuyé des tirs groupés d'attaques de toutes parts. Je trouve que ce qu'elle a apporté et fait est courageux de sa part.» Rachid Boudjedra, 76 ans, jurant avec la gérontologie, célébrera 50 ans de carrière en juin 2015. Un grand hommage lui sera rendu au 1er Salon du livre arabe devant se tenir à Constantine, en mai prochain. Désormais ses romans seront édités chez Dar El Hikma.