Dans la société qui est la nôtre, deux lieux demeurent incontournables, même si des changements s'y sont opérés au fil des ans. Chaque génération y a participé en apportant sa touche. C'est ce qui est advenu des cafés et des bains maures d'autrefois. Les anciens se souviennent encore de ce qu'était le café qu'ils fréquentaient assidument matin et soir. Le café que chacun aimait à siroter avait un arôme particulier, puisque préparé de manière artisanale, mais avec un certain art qu'on ne visite plus aujourd'hui. Et puis, il y avait en ce temps un appareil à filtre disposant d'une sorte d'alambic, qui laissait passer le liquide d'un cylindre à l'autre. Dans d'autres régions, comme à Jijel, on appréciait par dessus-tout le café dit El Guezoua, (El Djezoua dans d'autres régions), qui ne nécessitait que peu d'ustensiles. Il suffit d'une tasse en aluminium, munie d'un long bras pour préparer le breuvage. Le cafetier y verse l'eau, le café et le sucre et place la tasse sur un feu de bois ou de charbon et le tour est joué. Quand le liquide monte dans la cafetière, le cafetier recueille la mousse pour la verser dans la tasse du client et finit ensuite par la remplir avec le liquide qui reste. Cette pratique a malheureusement disparu au profit d'appareils à pressoir qui ne requièrent qu'un savoir faire élémentaire. Le bain maure lui aussi a été supplanté par un autre plus moderne. Si la salle chaude est restée intacte, on ne remarque plus la présence du chaudron où bout l'eau du bain. Chaque usager dispose d'un bac individuel muni de robinets. C'est à lui de choisir la température qui lui sied. Le masseur du bain s'est vu déchargé de la corvée de chercher l'eau comme par le passé. Son action se limite désormais à masser les clients qui le désirent, sans plus. Toutefois, le bain maure recule devant ce qu'on appelle les bains douches, plus intimes et moins gourmands en eau.