En Tunisie, un large mouvement de soutien est observé en faveur du gouvernement, de son armée et de ses forces de l'ordre contre le terrorisme. Ainsi, plusieurs organisations de la société civile ont massivement manifesté, ces deux derniers jours, sur la place du Bardo, devant le Parlement et le musée où a eu lieu l'attaque terroriste. Parallèlement à ces manifestations, le ministre de l'Investissement, du Développement et de la Coopération internationale, Yassine Brahim, a tenu une conférence de presse pour annoncer qu'une marche internationale contre le terrorisme sera organisée en Tunisie, à l'instar de celle organisée en France suite à l'attaque du journal satirique Charlie Hebdo. Plusieurs chefs d'Etat et responsables gouvernementaux seront invités à participer à cette marche, dont la date sera incessamment précisée. Par ailleurs, un groupe de 50 voyagistes n'a pas annulé la rencontre prévue ce week-end à Hammamet. L'organisateur, Aurélien Aufort, a déclaré à Tourmag que «ce voyage sera l'occasion de faire passer un message de solidarité appelant les voyageurs à continuer à venir en Tunisie». Pour sa part, la maire de Paris, Anne Hidalgo, a exprimé son soutien à la Tunisie ; elle a proposé de «mettre les moyens de la mairie pour mener une campagne d'affichage en faveur de la Tunisie, sa démocratie naissante et en tant que destination touristique de choix». L'élan de solidarité est parvenu aux courts de tennis. Plusieurs stars ont donné suite à la campagne menée par la tenniswoman Ons Jabeur et son collègue Malek Jaziri en faveur de la destination Tunisie. La Toile grouille déjà de joueurs de tennis indiquant sur leur mur «Je suis Bardo ; je suis Tunisie ; je viendrai en Tunisie cet été». Ce vent de sympathie sur les réseaux sociaux ne s'est pas limité aux internautes tunisiens. Une action est lancée pour promouvoir la destination Tunisie contre vents et marées. Des messages de sympathie fusent de partout pour exprimer l'intention de faire de la Tunisie la destination des prochaines vacances. Eradication du terrorisme Aux côtés de ce redressement populaire, la présidence de la République a, pour sa part, réagi de manière forte en annonçant un vaste «plan d'éradication du terrorisme», selon l'expression utilisée par Béji Caïd Essebsi. Une source proche du palais de Carthage parle de reddition des comptes suite à cette opération terroriste. «Puisque cette opération a eu lieu, il y a une défaillance quelque part et des responsables doivent payer», insiste la même source, rappelant qu'il est inadmissible qu'un couple d'Espagnols, s'étant réfugié dans une cave lors de l'attaque du musée du Bardo, y ait passé la nuit sans que les forces de sécurité s'en rendent compte. Les deux touristes n'ont en effet quitté le musée que le lendemain. Leur présence n'a pas été découverte, bien que le musée ait été ratissé par les membres de la brigade antiterroriste, à la recherche d'éléments terroristes ou d'éventuels explosifs, poursuit indignée la même source. Ces actions visant la levée du degré de mobilisation comportent également un volet politique. Le chef du gouvernement s'est réuni avec les membres de partis politiques représentés au sein de l'Assemblée des représentants du peuple, afin de préparer une plateforme nationale de lutte contre le terrorisme. Dans la communauté internationale, la sympathie est générale. Barack Obama a téléphoné à Béji Caïd Essebsi pour lui exprimer le soutien des Etats-Unis. La France a dépêché, hier, son ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, à Tunis. «Pourvu toutefois que l'on ne s'arrête pas au niveau de la parole», souligne un universitaire, député de Nidaa Tounes. «Pendant la réunion du G8 à Deauville en 2011, la communauté internationale a promis de donner une suite positive au plan Jasmin, qui consiste à lever 25 milliards de dollars à la Tunisie sur cinq ans, si elle réussit sa transition politique. Or, aucun signal n'a été encore observé», poursuit-il mécontent. La situation économique risque d'être plus difficile avec les annulations qui commencent à parvenir aux opérateurs du tourisme. Les annulations s'empilent En parlant d'annulations, le président de la Fédération tunisienne de l'hôtellerie (FTH), Radhouane Ben Salah, a avoué que l'attaque terroriste du musée du Bardo aura inéluctablement des répercussions négatives sur l'activité touristique. «Il y aura certainement des réservations qui seront annulées», a-t-il déclaré. Les tour-opérateurs polonais ont annulé, depuis avant-hier, tous les vols vers la Tunisie jusqu'à nouvel ordre. Tous les Polonais présents en Tunisie ont été rapatriés, suite à une injonction du ministère polonais des Affaires étrangères. Pour sa part, le groupe italien Costa Croisières a annoncé l'annulation de toutes ses escales prévues à Tunis. «Après ce qui est arrivé à Tunis, nous avons décidé d'annuler toutes les prochaines escales de nos navires à Tunis, prévues sur le Costa Fortuna, le Costa Favolosa et le Costa NeoRiviera», a annoncé le croisiériste. Cinq passagers de Costa Favolosa ont trouvé la mort, alors que huit ont été blessés dans l'attaque du Bardo. Un autre croisiériste, MSC, a prévu des escales de remplacement pour ses navires. Huit croisiéristes du MSC Splendida sont décédés, en plus de 13 blessés, pendant l'attaque du Bardo. Cette décision est logique pour le patron de MSC, Pierfrancesco Vago, qui considère que «la sécurité et la sûreté de nos passagers et des membres de nos équipages ont toujours été les priorités de MSC Cruises». «L'attentat du Bardo écarte, pour le moment, la possibilité pour les paquebots de notre compagnie de faire escale en Tunisie», conclut-il. La situation ne s'annonce pas facile pour la Tunisie, d'autant plus que la Libye voisine continue à vivre un chaos généralisé. La proximité de la Libye ayant déjà pesé sur la destination Tunisie aussi bien pour le tourisme que pour l'investissement.Mourad Sellam