Le discours du président Bouteflika, lu le 19 mars à Ghardaïa par son conseiller, Mohamed Benamar Zerhouni, à l'occasion de la célébration de la Journée de la victoire, a-t-il réellement été dicté par le chef de l'Etat ? Bouteflika a-t-il lu et validé ce document ? S'il a eu la possibilité de le lire, est-il conscient des conséquences de ces paroles ? Ces interrogations ont été formulées, hier, par Soufiane Djilali, président de Jil Jadid, lors d'une conférence de presse animée au siège de son parti. Le discours «attribué» au président Bouteflika en a étonné plus d'un. Il a surpris les militants de Jil Jadid par son style et surtout par les «mots guerriers» employés, notamment «terre brûlée», «marcher sur les cadavres»... «Nous suivons depuis 16 ans les discours du président Bouteflika et ce dernier ne correspond pas à son style. Ce n'est pas Bouteflika qui a rédigé ce document et ceux qui l'ont fait sont de connivence avec d'autres cercles qui mettent le pays en danger. Nous sommes en train de vivre une usurpation de fonction», assène-t-il. Soufiane Djilali est persuadé qu'«étant malade, Bouteflika ne gouverne plus» et que ce sont d'autres personnes qui assument les responsabilités de chef de l'Etat. «Nous vivons une usurpation de fonction, donc un coup d'Etat pur et simple», tonne l'orateur. Et d'affirmer que ces attaques violentes et les menaces ne vont qu'accentuer la crise politique que vit le pays depuis des années. «Ceux qui ont eu l'audace de parler au nom de Bouteflika veulent provoquer l'anarchie», avertit le leader de Jil Jadid. Ce dernier, pour rassurer la population et éviter la polémique, propose qu'une délégation composée de personnes dont la probité n'est pas entachée, aille s'enquérir de l'état de santé du Président et en rende ensuite compte à la nation. «Nous voulons savoir si Bouteflika est lucide ou s'il a perdu toute sa lucidité. Cette délégation nous dira si réellement Bouteflika a toutes les capacités pour gouverner l'Algérie. C'est tout», suggère-t-il, en regrettant les menaces proférées à l'égard des parties qui se sont élevées contre l'exploitation du gaz de schiste. Les opposants à cette démarche, ajoute-t-il, attendaient que le pouvoir fasse un geste dans ce sens, joue la carte de l'apaisement en appelant au dialogue, en prononçant un discours rassembleur. Ce ne fut malheureusement pas le cas ! Le pouvoir non seulement n'envisage pas de reculer sur la question du gaz de schiste, mais a décidé de sortir la grosse artillerie, il menace, accuse et emploie des termes graves comme «terre brûlée». «Ce n'est pas l'opposition qui est en train de brûler l'Algérie, bien au contraire ce sont les détenteurs du pouvoir», réplique le dirigeant de cette formation.