Je suis tombé dans le piège qui m'a été tendu par le gérant de Eurl Essafa et je le regrette amèrement. Il m'a fait croire que j'allais gagner beaucoup d'argent en m'associant avec lui dans l'importation d'articles de cuisine. J'ignorais totalement ce qui se tramait derrière mon dos et qu'il allait m'enfoncer dans une telle affaire». C'est ce que, en substance, a déclaré aux inspecteurs des douanes, le jeune importateur, au cœur du scandale des 255 000 capsules de fusil de chasse qui a secoué le port de Annaba, le 10 février dernier. De cette date à ce jour, le propriétaire de Eurl Essafa - société d'import-export, basée à Batna- connu sous le nom de «El Hadj Abdessamad» et pour qui avait agi l'importateur est, quant à lui, introuvable. Il est activement recherché, un mandat d'arrêt étant lancé à son encontre par la justice, a-t-on appris de sources douanières proches de l'affaire. A en croire ces mêmes sources, cet importateur, un trentenaire originaire de Tizi Ouzou, actuellement en détention, serait victime de sa cupidité et son goût pour le gain facile et rapide. «à notre demande, il a été invité par son transitaire à se présenter à Annaba pour compléter le dossier aux fins de l'enlèvement de sa marchandise. Ce qu'il a aussitôt fait. Et, à son arrivée, pas loin de la gare- à l'entrée de la ville- il a été interpelé par nos agents avant d'être remis aux services de sécurité qui l'attendaient», expliquent nos sources qui ont requis l'anonymat. Ayant eu vent de l'arrestation de son « associé », le commanditaire, propriétaire de Eurl Essafa avait décidé de plier bagage vers une destination jusqu'à l'heure inconnue, poursuivent elles. Ces dernières qui, de par l'impressionnante quantité de capsules saisie, n'écartent pas la thèse de l'existence, derrière cette affaire, d'un réseau transnational spécialisé dans le trafic de ce type de munition, se sont montrées peu généreuses en révélations, secret de l'instruction judiciaire oblige. «Le dossier est actuellement entre les mains du juge d'instruction. Tout ce que nous pouvons dire est que même l'inspecteur auquel fut confié le dossier commercial afférant à l'opération à l'import -actuellement suspendu de ses fonction et mis sous contrôle judiciaire et ce, au même titre que les deux transitaires-, paraissait vivement surpris par la présence de ces centaines de milliers de capsules d'armes à feu dans un container censé être chargé d'articles de cuisines (marmites, thermos, verres, casseroles, grils….) et autres produits électroménagers», se contente d'affirmer nos sources. Petit rappel des faits : Il était 14 h passé, mardi 10 février, lorsque l'affaire avait éclaté au grand jour : Pas moins de 255 000 capsules de cartouches à fusils avaient été découvertes par les douaniers - brigade de visite des containers- au fond d'un container, en provenance de Turquie. Les baquets contenant la « munition » avaient été dissimulés sous des cartons d'articles de cuisines et produits électroménagers, manière de les soustraire de tout regard indiscret.