«Nous allons demander nos droits à notre façon ! Puisque personne ne pense à nous et ne s'inquiète pour notre avenir. Nous comptons faire entendre notre voix. Nous sommes fatigués de cette situation. Nous sommes à la veille de l'examen le plus important de notre vie et nous n'avons suivi que quelques cours!» Amir, candidat pour la première fois au bac, contrairement à ses amis, assiste aux cours de rattrapage décidés par le ministère de l'Education nationale depuis dimanche dernier, premier jour des vacances. Mais à Alger, les établissements sont en majorité désertés. Même les candidats au bac disent ne pas être «intéressés». Sur les réseaux sociaux, les lycéens et particulièrement les candidats au bac s'organisent peu à peu. Ils veulent, à la rentrée des classes, le 5 avril, investir la rue. Il est même question, selon certains, d'organiser des rassemblements pour détruire les CD de cours. Les contestataires disent avancer cette fois-ci des «arguments fiables ». «Comment, après une grève de plus d'un mois, la ministre ose-t-elle nous demander d'oublier le seuil de limitation des cours ? Comment allons-nous faire ?», s'interroge Sarah. Il est 11h, devant le lycée Mohamed Belkadi, à Baba Hassen, une poignée d'élèves sortent du lycée, peu convaincus par les cours auxquels ils ont assisté. Arrivés en classe, les lycéens ne savent pas ce que leur réserve le cours, ni même si l'enseignant est présent. «On ne comprend plus rien de cette nouvelle démarche. Certains enseignants donnent les cours perdus pendant la grève, alors que d'autres se limitent à une simple révision des leçons du premier trimestre», témoigne Chaïma. Cyber Selon les témoignages, certains se limitent à des conseils psychopédagogiques. «C'est une perte de temps pour nous», affirme Amira qui se demande si les enseignants prendront en considération les absences pour refaire les cours ! Yasmine, aussi candidate au bac, affirme : «Même les CD offerts par le ministère sont vides ! » Certains élèves assurent avoir trouvé des jeux pour enfants et d'autres de la musique ! «Déjà qu'en classe nous ne comprenons que la moitié de la leçon, que nous appuyions par des cours de soutien chez le privé, comment croyez-vous que nous allons assimiler ce qui est expliqué dans les CD ?», s'emporte encore Amira. Pour Souad, il est «insensé» de recevoir une révision par CD «alors que des camarades au plus profond de l'Algérie n'ont même pas d'électricité chez eux». «D'autres, camarade filles, dit-elle encore, sont interdites d'accès au cyber.» Pour le Cnapest, le syndicat gréviste, ce désordre est dû, premièrement au fait que les cours sont facultatifs. Ce qui n'a pas encouragé les élèves à se rendre à leurs établissements. «Suit le manque de sérieux de l'administration qui n'a pas contrôlé les enseignants, en particulier dans les villes de l'intérieur. Il ne fallait pas que cette semaine soit facultative». Autre élément évoqué par le syndicat : l'absence des négociations sur la période post-grève par le ministère. Il n'y a pas eu d'engagement de la part du Cnapest ni même de conditions de la part du ministère sur un emploi du temps de rattrapage. «De plus, la ministre doit également rassurer les enseignants en annonçant que les ponctions sur salaire ne seront pas maintenues, comme il a été décidé. Autrement dit, elle doit fractionner les ponctions sur plusieurs mois au lieu de le faire pendant un seul mois. Car les enseignants disent ne pas être prêts à faire un effort pour rattraper le retard, alors que le ministère n'en fait aucun pour changer dans sa démarche», affirme Messoud Boudiba, chargé de communication du Cnapest.