Le colonel Lotfi, de son vrai Dghine Boudghène Benali, est tombé au champ d'honneur le 27 mars 1960 à Béchar, dans un accrochage avec l'armée française, en compagnie du commandant Farradj, Zaoui Cheikh, Brek Ahmed et le défunt moudjahid Laroussi Aïssa capturé vivant et seul survivant de cette bataille. Cette bataille avait eu lieu à Djebel Béchar, zone située à 2 kilomètres au sud de Béchar. Il est, par ailleurs, à signaler que la fille du colonel Lotfi, Chahida Dghine-Ousseimi, a publié un livre sur la vie de son père, héros de la Révolution algérienne. Des extraits du livre intitulé «Lotfi, plus qu'un symbole, un homme» mettent en lumière plusieurs aspects de la vie du commandant de la région du sud-ouest qui n'était pas seulement le combattant aguerri, mort à l'âge de 26 ans, mais aussi le visionnaire, l'intellectuel préoccupé par des questions économiques de l'Algérie indépendante. Dans l'opuscule illustré de photographies familiales, on apprend, documents à l'appui, que Lotfi avait réfléchi au volet socioéconomique du pays, à son organisation sociale et à son développement. Ce chapitre presque inconnu est amplement corroboré par des propos tenus à Béchar, précédemment par Abdelghani Okbi, ancien ministre du Commerce et ancien compagnon d'armes de Lotfi. Celui-ci avait en sa possession des manuscrits rédigés par le défunt Lotfi qu'il avait tenté de faire publier et convaincre les anciens présidents de la République pendant 4 décennies de leur utilité dans l'Algérie indépendante mais en vain. Une intervention d'Abdelghani Okbi auprès même du président Boumédienne réticent, pourtant proche de Lotfi, n'avait pas abouti, avait indiqué l'ancien ministre. Les manuscrits ont été finalement publiés lors du 50ème anniversaire de la mort du héros national. Le livre de Lotfi traitait déjà des questions économiques avec un esprit de lucidité et de courage et mettait en garde ceux qui allaient présider aux destinées du pays indépendant sur les disparités sociales, économiques et des injustices régionales entre Algériens, dont la colonisation en avait fait le crédo. Dans la préface de l'opuscule de sa sœur, le fils de Benali Dghine a mis en évidence cette réflexion: «Ce que je regrette le plus aujourd'hui c'est qu'avec toi (son père) et les millions de martyrs qui ont sacrifié leur vie, les promesses se sont évanouies». En somme, une réflexion à bien des égards d'une tragique actualité partagée par de nombreux citoyens, 55 ans après la disparition du combattant Lotfi. Le ministre des Moudjahidines a inauguré une stèle à l'effigie du colonel Lotfi à l'aéroport Dghine Boudghène Lotfi de Béchar.