La Tunisie s'attend à une mobilisation massive pour la marche d'aujourd'hui «contre le terrorisme» à la suite de la sanglante attaque du musée du Bardo à Tunis. Le président Caïd Essebsi a lancé un appel mercredi soir à la télévision pour que les Tunisiens se mobilisent pour la marche qui doit débuter place Bab Saadoun pour s'achever devant le musée visé par une attaque le 18 mars ayant fait 21 morts (20 touristes et un policier). «J'adresse un appel à toutes les Tunisiennes et tous les Tunisiens, jeunes, adultes, enfants, à participer à cette marche pour exprimer la force de la Tunisie», a déclaré le Président dans une brève allocution. Parmi les invités de marque à avoir annoncé leur venue, figurent les présidents français, polonais et palestinien François Hollande, Bronislaw Komorowski et Mahmoud Abbas ainsi que le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Garcia-Margallo. Tunis espère aussi la venue du Premier ministre italien Matteo Renzi, et de la haute représentante de l'Union européenne (UE), Federica Mogherini. L'Algérie sera représentée par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, selon un communiqué rendu public hier par les services du Premier ministre. Le parti islamiste Ennahdha, allié au gouvernement avec la formation de Caïd Essebsi, a annoncé sa participation à la manifestation en qualifiant le «terrorisme d'ennemi de l'Etat, de la révolution, de la liberté, de la stabilité et du développement». La centrale syndicale UGTT a également appelé tous ses membres et «l'ensemble du peuple tunisien à participer massivement» à la marche. La gauche critique envers Ennahdha Après l'attaque du musée, une partie de la gauche a dénoncé la participation d'Ennahdha à toute forme d'union nationale «contre le terrorisme», jugeant que le parti islamiste entretenait des liens troubles avec la mouvance djihadiste, en particulier lorsqu'il était au pouvoir de fin 2011 à début 2014. Les politiques de gauche jugent Ennahdha responsable, voire complice des assassinats en 2013 de deux figures politiques anti-islamistes, Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi. Le parti Massar a ainsi jugé que toute «union nationale basée sur les principes démocratiques, les valeurs républicaines pour lutter avec sincérité contre le terrorisme ne peut comprendre un parti politique connu pour ses liens avec des milieux terroristes». L'attentat du Bardo est le premier à atteindre des étrangers en Tunisie depuis 2002. C'est aussi le premier revendiqué par l'EI, qui compte des centaines de Tunisiens dans ses rangs. Selon les autorités, près de 500 Tunisiens qui ont combattu en Syrie, en Irak ou en Libye sont de retour chez eux. Elles indiquent avoir empêché le départ de 9000 individus. Alors qu'ils seraient 3000 à intégrer les différentes organisations djihadistes. Depuis la chute du président Zine Al Abidine Ben Ali au début de 2011, la Tunisie est confrontée au phénomène du terrorisme. Pour schématiser, le 6 février 2013, l'opposant Chokri Belaïd a été tué à Tunis. L'assassinat, attribué à la mouvance djihadiste, provoque une crise politique qui conduit à la démission du gouvernement et à l'installation d'un nouveau cabinet dirigé par l'islamiste Ali Larayedh. Le 25 juillet 2013, Mohamed Brahmi, opposant nationaliste de gauche, est assassiné près de Tunis, plongeant le pays dans une nouvelle crise politique. Le 29 du même mois, huit soldats sont tués sur le mont Chaambi, à la frontière algérienne, où les forces tunisiennes traquent depuis décembre 2012 un groupe lié à Al Qaîda. Le 16 juillet dernier, 15 soldats ont été tués dans une attaque attribuée à des djihadistes sur le mont Chaambi.