Une offre supplémentaire d'environ un million de barils par jour risque de venir se déverser sur le marché pétrolier mondial, si les négociations actuelles sur le nucléaire iranien venaient à aboutir à une levée des sanctions contre l'Iran. Cette perspective suffit à elle seule à plomber les cours du brut, qui continuaient encore à baisser dans la journée d'hier, alors que le marché était déjà sous pression depuis quelques mois, du fait de la surabondance de l'offre. A Londres, le baril de brent de la mer du Nord pour livraison en mai valait ainsi 55,39 dollars en fin de matinée, en baisse de 1,04 dollar par rapport à la clôture de vendredi dernier. A New York, le baril de light sweet crude (WTI), pour la même échéance, perdait, pour sa part, 1,10 dollar, pour n'être coté qu'à 47,77 dollars. A Lausanne (Suisse), les négociateurs des grandes puissances occidentales et de l'Iran poursuivaient hier leurs discussions afin de lever les derniers obstacles à un accord sur le nucléaire iranien, rapportent des agences de presse. Sous embargo pétrolier, imposé en 2012 par les grands pays occidentaux, l'Iran, cinquième producteur de l'OPEP, a vu, rappelle-t-on, ses exportations de brut chuter de plus de 2,2 millions de barils par jour (mbj) en 2011 à environ 1,3 mbj actuellement. «Les cours du pétrole devraient rester sous pression jusqu'au milieu de la semaine, au moment où un accord devrait être trouvé dans les discussions sur le programme nucléaire iranien», soulignent les analystes de Commerzbank. «Il semble qu'il y ait eu des progrès de fait dans les négociations sur le programme nucléaire de l'Iran avec les puissances occidentales. Des sources proches des discussions ont suggéré qu'un accord préliminaire était proche», indiquent de leur côté des courtiers de PVM. Quoi qu'il en soit, les négociateurs devraient trouver un compromis avant l'échéance d'aujourd'hui, en perspective d'un accord final d'ici le 30 juin. Un tel scénario aboutirait à une levée progressive des sanctions économiques contre l'Iran, y compris sur le secteur pétrolier, ce qui permettrait à Téhéran d'exporter autour d'un million de barils supplémentaires par jour, alors que le marché est déjà saturé. De fait, l'OPEP, qui pompe quelque 40% de la production pétrolière mondiale, a refusé en novembre dernier, sous l'influence de l'Arabie Saoudite, de réduire son plafond de production, ouvrant ainsi la voie à une dégringolade des cours du brut, en raison d'une offre surabondante. Aussi, depuis juin 2014, le baril de pétrole a perdu plus de 60% de sa valeur et risque donc de dégringoler davantage en cas d'offre supplémentaire qui viendrait de l'Iran. En définitive, spéculent les analystes du marché, le seul espoir de voir les cours se redresser un tant soit peu reste l'éventualité d'une aggravation des tensions au Yémen et les risques qui peuvent en découler sur la distribution du pétrole si les détroits de Bab El Mandab et d'Ormuz venaient à être fermés.