Une loi de finances complémentaire sera promulguée», a annoncé le Premier ministre en guise de solution à la situation de marasme économique que connaît le pays du fait de son entière dépendance aux revenus des hydrocarbures. Après avoir ouvert le pays aux fraudeurs en tous genres, les pouvoirs publics, et aujourd'hui qu'il y a crise, décident de mettre de l'ordre dans la structure des importations et veulent encourager la production nationale. Réelle solution ou simple effet d'annonce ? Pour Atmane Mazouz, secrétaire national chargé de l'information au Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), cette annonce «confirme la navigation à vue du gouvernement». Invité à réagir, notre interlocuteur estime que «le manque d'anticipation sur les problèmes que vit le pays annonce une réelle crise et contredit les assurances qu'on nous rabâche continuellement. Cette annonce ne peut être que porteuse de sérieuses restrictions qui affecteront indéniablement le quotidien des citoyens et des opérateurs économiques». Avant même que le gouvernement ne déroule ses mesures, M. Mazouz considère que Abdelmalek Sellal «botte en touche». Il justifie sa réaction en disant que «nul ne peut le croire, lorsqu'il déclare que la LFC mettra fin à la corruption et à la fraude. Il doit savoir que ce fléau ne sera endigué que par une justice indépendante, débarrassée de la tutelle d'un pouvoir corrompu et d'institutions illégitimes». Et d'ajouter : «L'économie algérienne est d'abord victime des errements du pouvoir et de l'incompétence du gouvernement.» Pour le RCD, «ceux qui sont en charge de la gouvernance sont incapables et leurs annonces ne sont que de la poudre aux yeux qui n'apporteront ni relance du commerce extérieur ni celle de l'économie nationale qui sont otages, en grande partie, de cercles maffieux et d'un système rentier». Djelloul Djoudi, député du Parti des travailleurs (PT), estime, pour sa part, que le recours à une loi de finances complémentaire (LFP) peut s'avérer nécessaire dans tout pays où certaines prévisions nécessitent des ajustements, mais dans le contexte algérien où la baisse des prix du pétrole des signaux de panique, «il aurait d'abord fallu prendre des mesures visant à protéger l'argent public et préserver l'économie nationale». Pour notre interlocuteur, il est plus qu'urgent d'arrêter «la politique des exonérations» d'impôts et autres avantages bénéficiant à une catégorie sociale. «Depuis 2006, nous assistons, chaque année, à des exonérations coûtant au Trésor public pas moins de 60 milliards de dinars. Il est impératif de faire le bilan de toutes les aides octroyées au secteur privé alors que ce dernier n'a pas apporte les résultats escomptés. D'ailleurs le recours à une LFC est le signe d'une urgence à mettre fin à la politique des exonérations à tout-va», indique Djelloul Djoudi. Evoquant par ailleurs le commerce extérieur, notre interlocuteur précise que le PT n'a jamais cessé de dénoncer le monopole des importateurs. «Nous constatons chaque jour l'effusion hémorragique de notre devise au profit des importateurs qui importent tout et n'importe quoi, au détriment de l'économie nationale. Nous plaidons au PT sur la nécessité d'instaurer une licence d'importation afin de diminuer l'hémorragie de la devise et protéger la production nationale.»