Interrogé sur les incidences de la Loi de finances complémentaire 2009 qui a soulevé le mécontentement de certains hommes d'affaires, le président du groupe Cevital répond, dans cet entretien, avec un pragmatisme aigu en relevant les points positifs de ce texte. Il soutient l'Etat qui encourage l'investissement générateur d'emplois et de richesses, l'idéal pour le développement d'une véritable économie nationale. Liberté : La LFC 2009 apporte des correctifs à la loi de finances annuelle et contient des éléments nouveaux. Selon vous Monsieur Rebrab, quels sont les plus importants ? M. Issad Rebrab : L'intention du gouvernement, telle que révélée par la LFC 2009, vise à limiter la consommation basée sur l'importation, laquelle comme vous le savez affaiblit l'économie nationale. La LFC, en résumé, réunit trois mesures essentielles : 1 - La suppression des crédits à la consommation. 2 - Un contrôle plus attentif des paiements extérieurs. 3 - Un train de mesures visant à encourager la production nationale. Quelle est votre appréciation des réformes proposées par la LFC ? Suite aux déséquilibres constatés (hémorragie des devises, surendettement des particuliers, importations anarchiques), le gouvernement a été bien avisé et a fait preuve de courage en intervenant avec détermination. Les mesures présentées vont certes déranger et nécessiter des ajustements dans les pratiques, mais au final l'opération ne pourra qu'être bénéfique à notre économie. Que pensez-vous de la suppression du crédit à la consommation ? La mesure est sévère, elle vise à mettre un terme aux abus du surendettement (lui-même encouragé par la surabondance des produits importés). En conséquence, la consommation devrait s'orienter vers les produits nationaux. Cette augmentation de la demande de produits nationaux devrait stimuler l'activité de producteurs locaux. Cette demande soutiendra les nouveaux investissements qui se traduiront par la création de nouveaux emplois, ce qui ne se produira pas si nous continuons à consommer les produits importés. Pensez-vous que l'obligation faite aux entreprises de recourir au Credoc se justifie ? Le Credoc est une pratique normale pour toute entreprise qui traite à l'international. C'est d'abord un service bancaire et, par extension, un instrument qui assure la transparence des opérations commerciales. À ce double titre, notre groupe est entièrement favorable au recours systématique à cet outil de normalisation des transactions commerciales. Pensez-vous que la LFC 2009 parviendra à stimuler les projets d'investissement vers les secteurs porteurs et générateurs de revenus ? Il est plus que temps que l'épargne des ménages et les revenus abondants que nous tirons de nos ressources servent en priorité au développement de la production nationale. À ce titre, la LFC 2009 fournit un cadre et prévoit des stimulants susceptibles d'encourager l'investissement. C'est en croyant au dynamisme de notre économie que Cevital a bâti sa croissance. Le nouveau cadre proposé par la LFC 2009 nous encourage à poursuivre dans ce sens. O. A.