Le linge sale ne se lave plus en famille chez les Le Pen. Le fondateur du Front national, Jean-Marie Le Pen, a encore fait parler de lui cette semaine. Il a créé un profond malaise au sein du parti désormais dirigé par sa fille Marine. A l'origine de ce malaise, des déclarations au vitriol du «vieux». Il a affirmé, dans une interview à un journal d'extrême droite (Rivarol) : «Je n'ai jamais considéré le maréchal Pétain comme un traître», ou «Manuel Valls (Premier ministre français, ndlr) est français depuis trente ans, moi je le suis depuis mille ans.» Des déclarations qui ont choqué toute la classe politique française, à commencer par le Front national lui-même, dont Jean-Marie Le Pen est président d'honneur. C'est la goutte qui a fait déborder le vase pour l'actuelle présidente du FN, qui veut se faire passer pour une «tendre», mais qui, en réalité, est extrémiste comme son père, voire plus. Dans un communiqué, Marine Le Pen a annoncé avoir rompu avec son père. Elle s'est dite opposée à sa candidature aux élections régionales de décembre prochain. Faisant part de sa «profonde tristesse», elle a ajouté que «son statut de président d'honneur ne l'autorise pas à prendre le Front national en otage» et que «ses provocations, aussi grossières dont l'objectif est, semble-t-il, de me nuire, mais hélas, portent un coup très dur à tout le mouvement». Et de conclure que son «père semble être entré dans une stratégie de la terre brûlée et de suicide politique». Pour Florian Phillipot, vice- président du Front national, «la rupture politique avec le fondateur du Front national est désormais totale et définitive». Même son de cloche chez Louis Alliot, second vice-président. Il a jugé que la situation est devenue intenable et inconciliable avec Jean-Marie Le Pen, le critiquant après avoir donné une interview pour un torchon (journal Rivarol extrémiste, ndlr) antisémite. «Les ponts sont désormais coupés avec Jean-Marie Le pen» «Jean-Marie Le Pen a méprisé les militants qui se battent tous les jours pour défendre nos valeurs contre un système de plus en plus liberticide.» Quant à Gilbert Collard, député du Gard au nom du Front national et ancien avocat, il a jugé qu'on ne pouvait pas faire «l'apologie de Pétain et de son régime criminel», poursuivant que les «ponts sont désormais rompus avec Jean-Marie Le Pen» et qu'il serait «ravi de ne plus le voir occuper la fonction de vice-président d'honneur». La droite républicaine a également condamné vivement les propos de Jean-Marie Le Pen, sans pour autant se faire d'illusions sur les rôles «macabres» que se partagent volontairement Jean-Marie Le Pen et sa fille. Le premier en jouant le rôle de méchant et la seconde celui de la gentille et de la républicaine. Or, ajoute un député de l'Union pour la majorité populaire (UMP) au Front national, «la majorité des responsables politiques est extrémiste et adhère aux idées originelles du parti».