La visibilité sur les perspectives du marché est loin de s'améliorer et a plutôt tendance à se réduire, au cours des dernières semaines, à cause d'un environnement «en constante évolution», estime l'Agence internationale de l'énergie (AIE) dans son rapport d'avril sur le pétrole. Pour l'agence qui défend les intérêts des pays consommateurs, la résorption de la surabondance de pétrole sur le marché pourrait prendre plus de temps que prévu, du fait notamment de l'accord sur le nucléaire iranien qui laisse présager une nouvelle hausse de la production. «Le rééquilibrage du marché» du pétrole, dont les prix se sont effondrés au second semestre 2014, «pourrait n'en être qu'à ses débuts», avertit l'agence qui souligne que l'accord-cadre sur le nucléaire iranien signé le 2 avril change sensiblement la donne, car il ouvre la voie à une levée de l'embargo américain et européen sur les exportations des hydrocarbures du pays. Un fait nouveau qui vient s'ajouter à d'autres facteurs liés notamment à la surabondance de l'offre et au refus de l'OPEP de réduire ses quotas pour influer sur la courbe des prix. L'AIE estime ainsi qu'au premier trimestre 2015, l'offre s'est établie à 94,5 millions de barils par jour, alors que la demande atteignait en moyenne 93mb/j. Dans ce contexte, l'une des nombreuses questions en suspens sur le marché aujourd'hui est à «quelle vitesse la production et les exportations de l'Iran monteront en puissance, si un accord définitif est signé ?», note l'organisation qui rappelle que l'Iran, qui a produit 2,8 millions de barils par jour au mois de mars, «est capable en théorie de produire pas moins de 3,4 mb/j à 3,6 mb/j dès quelques mois après la levée des sanctions». Le pays, membre de l'OPEP, a par ailleurs accumulé d'importants stocks, estimés à au moins 30 millions de barils, qui pourraient arriver sur le marché plus rapidement, relève encore l'AIE. Dans le même temps, la perspective du retour de l'Iran «pourrait déjà avoir encouragé d'autres producteurs à relever leur offre pour prendre des positions sur le marché» avant cette échéance, ajoute l'AIE. Celle-ci cite par ailleurs d'autres facteurs qui maintiennent les cours sous pression dont «le niveau élevé du dollar, qui rend le brut libellé en dollars plus cher pour les détenteurs d'autres devises», et le niveau record des stocks aux Etats-Unis. Les cours du pétrole brut ont perdu environ 50% de leur valeur depuis juin 2014, malgré un léger rebond depuis le début de l'année. Le baril de WTI échangé à New York s'établissait hier autour de 54 dollars, tandis que le brent à Londres, le marché de cotation du brut algérien, évoluait au-dessus de 60 dollars. A plus court terme, l'AIE, a toutefois revu à la baisse sa prévision de la production des pays non-OPEP pour 2015, du fait des perspectives moins positives pour la production de pétrole de schiste aux Etats-Unis et de sable bitumineux au Canada, freinée par la chute des cours, ainsi qu'en raison du conflit au Yémen, qui a divisé par deux la production du pays.