L'instance indépendante de gestion des élections est une condition sine qua non pour la réhabilitation de l'acte électoral.» C'est ce qu'ont affirmé les membres de la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (CLTD) à l'occasion de leur deuxième conférence thématique organisée, hier à Alger, autour de ce sujet. Ayant déjà appelé à la mise en place de cette instance lors des précédentes réunions, les responsables de cette coordination ont exposé leurs suggestions pour redonner de «la crédibilité aux élections». En se référant à des expériences internationales et aux résultats des enquêtes menées dans le monde, les intervenants précisent que les 117 Etats ayant mis en place des instances indépendantes pour l'organisation des élections ont réussi à asseoir une vraie démocratie. «Les 15 pays, dont l'Algérie, qui ont opté pour la gestion gouvernementale des scrutins restent à la traîne», expliquent Hakim Saheb (RCD) et Farouk Tifour (MSP). Ce dernier précise que sur les 14 élections organisées, depuis l'avènement du pluralisme politique en Algérie, «13 ont été entachées de fraude et la quatorzième a été annulée». Partant de ce constat, les membres de la CLTD affirment que «les prochaines élections n'auront aucun sens et aucune crédibilité si elles sont gérées par la même administration experte des fraudes». «Les électeurs, notamment les jeunes, n'ont plus confiance. Ils ne sont pas nombreux à voter, car ils savent que leurs voix seront détournées. Aujourd'hui les méthodes de fraude sont nombreuses», précisent Mohamed Dhouibi (Ennahda) et Lakhdar Benkhallaf (FJD). Ainsi, estiment les intervenants, «la réhabilitation de l'acte électoral passe inévitablement par la mise en place des conditions garantissant la transparence et le respect de la volonté populaire». Ils énumèrent, dans ce sens, ces conditions, dont la plus importante est la mise à l'écart du ministère de l'Intérieur et à celui de la Justice. «Chaque élection qui sera organisée par le pouvoir consacrera la rupture avec la société. C'est pourquoi, nous appelons à une présidentielle anticipée qui sera organisée par une instance indépendante», affirme l'ancien chef de gouvernement, Ahmed Benbitour. Et d'ajouter : «La bataille se poursuivra. Notre pays ne peut pas continuer à vivre avec des espoirs ajournés.» Précisant les normes à suivre pour le renforcement de cette instance une fois créée, les membres de la CLTD plaident pour la révision du dispositif législatif, dont l'article 136 de la Constitution, qui est mis en avant par le pouvoir afin, estiment-ils, de rejeter «cette demande partagée par la majorité des partis de l'opposition».