Ancien conservateur des forêts de la wilaya de Tissemsilt, M. El Fizazi Guendouz est actuellement élu à l'APC de Sidi Bel Abbès et préside, depuis quelques semaines, la commission d'urbanisme. Il nous parle dans cet entretien de l'importance de la préservation du couvert forestier, notamment d'une urbanisation anarchique et envahissante. - Peut-on parler d'une déforestation dont la cause est liée essentiellement à l'extension du tissu urbain dans la région de Sidi Bel Abbès ? La déforestation, qui n'est pas un phénomène récent, regroupe des actions de déboisement et de défrichement. La wilaya de Sidi Bel Abbès dispose de 39 forêts qui chevauchent une quarantaine de communes et s'étendent sur une superficie de 320 000 hectares. Il s'agit pour la plupart de forêts domaniales. Excepté quelques cas illégaux d'accaparement d'espaces forestiers par des particuliers à des fins d'habitation, l'on ne recense pas des actions d'importance de déforestation pour laisser place au béton. Les rares cas signalés se situent dans la localité de Nouasia, dans la région de Sfisef, où des constructions illégales ont été érigées au mépris de la loi. Mais il s'agit d'un phénomène marginal. - Quels sont les mesures qui doivent être prises pour préserver les domaines forestiers ? Deux actions primordiales doivent être entreprises pour sauvegarder le domaine forestier. D'abord, procéder au bornage des forêts domaniales et réactualiser la carte de bornage. Cela doit permettre de renforcer le service forestier et lutter notamment contre le pacage anarchique illégal. La seconde action consiste à réhabiliter le rôle du forestier et réorienter son action vers l'activité sylvicole. - Est-il possible de récupérer des terrains forestiers pour des fins d'urbanisation ? Les lois encadrant le domaine forestier sont des plus restrictives. Le domaine forestier est inaliénable et imprescriptible. Même lorsqu'il s'agit de projets d'utilité publique, cela nécessite une longue procédure et ne peut être entérinée que par arrêté ministériel. Pour une simple exploitation d'un périmètre forestier, il faut respecter tout un ensemble de procédures technico-juridiques. Il faut d'abord lancer une opération de reconnaissance du site par les services de la Conservation des forets, puis en étudier l'impact avant de formuler un avis. Après, c'est à une commission à laquelle sont associés les services des domaines et des collectivités locales, d'examiner cet avis. C'est pour vous dire toute la difficulté d'intervenir à l'intérieur de l'espace forestier. Ce qui n'est pas le cas des périmètres boisés créés dans le cadre d'opérations de volontariat ou de plantations récentes initiées sur proposition locale. Ces espaces localisés dans le tissu urbain ou à la périphérie de la ville doivent être recensés et classés par arrêté communal. - C'est-à-dire que ces espaces sont susceptibles d'être détournés à d'autres fins… Nous faisons tout pour que cela n'arrive pas. Grâce au dynamisme des associations de protection de la nature et des comités de quartiers, nous constatons un début de prise de conscience pour la préservation des espaces boisés en milieu urbain. Ceux-ci font d'ailleurs l'objet d'une opération de recensement initiée par l'APC de Sidi Bel Abbès dans le cadre du schéma directeur portant replantation d'arbres et protection des espaces verts. Une opération pilotée par le président de la commission environnement à l'assemblée communale et qui est toujours en cours.