Quand le Parti du renouveau algérien (PRA) s'exprime, il faut opportunément tendre l'oreille. Non pas qu'il soit un parti influent parmi la classe politique, mais simplement parce que ses positions désignent la direction du vent… Elles traduisent les préoccupations immédiates des hautes sphères de la décision. Ainsi, ce parti nous apprend qu'il faut aller indiscutablement vers la révision de la Constitution. Pourquoi ? Pour « trancher la nature du régime (sic), ouvrir le mandat présidentiel et permettre au peuple algérien (…) d'exprimer son soutien au président Bouteflika ». La révision de la Constitution n'aurait donc pour finalité, aux yeux des responsables de ce parti, qu'à maintenir au pouvoir Abdelaziz Bouteflika. L'importance de l'homme semble transcender les multiples enjeux politiques que suggère et préfigure une telle révision de la Loi fondamentale. Le PRA, qui (ré)émerge sur la place après une foultitude de soubresauts, une longue convalescence et une cure d'opposition, semble décidément guéri. Son unique programme politique ? « Un soutien absolu au président Bouteflika, son programme et sa politique. » C'est ce qu'il a consigné, hier, dans un communiqué ayant sanctionné la réunion de son conseil national. Le PRA s'est forgé la réputation d'une formation politique autorisée à relayer les échos et les bruissements du « palais » pour préparer l'opinion à recevoir les décisions. Il en a été ainsi lorsque les Algériens se demandaient si le président Bouteflika allait enfin accoucher des textes portant application des dispositions de la charte pour la paix et la réconciliation en février dernier. Ce fut le secrétaire général de ce parti, Abderrazak Smaïl, qui, dans une longue dépêche balancée par l'agence officielle (APS), nous apprenait que la promulgation des fameux textes était « imminente ». Moins d'une semaine après, les textes étaient tombés ! Aujourd'hui que le « débat politique » est polarisé par le succès ou l'échec de la réconciliation nationale, et par extension, la nécessité ou pas de proroger la date butoir accordée aux terroristes, le PRA nous invite à un tout autre débat… Pour Abderrazak Smaïl, la question de rallonge du délai de grâce est tranchée d'elle-même tant « la tragédie nationale est immense et que son dépassement nécessite d'autres années pour permettre à l'homme de la réconciliation de postuler à un troisième mandat ». Ceci bien que le PRA ait noté auparavant que la réconciliation nationale menée par Bouteflika soit « un succès ». Mais, passons, semblent dire ses responsables, désormais préoccupés par le seul avenir de Bouteflika, dont dépend peut-être le leur. En cette rentrée sociale et politique, il n'y a en la matière pas meilleure manière pour déplacer le débat politique d'une question (la réconciliation, ndlr) encombrante à une autre que Bouteflika lui-même à du mal à assumer publiquement tant la charge subjective liée à son souci de rester au pouvoir prime sur toute autre considération de gouvernance ou de démocratie. Comment donc « vendre » une révision de la Constitution qui ne soit pas appréhendée sous le prisme de la pérennité au pouvoir ? C'est le dilemme que tente, maladroitement du reste, le FLN, le PRA et tous les autres partis intéressés de résoudre et, si possible, sans donner l'impression d'assurer une prestation politique de services. Mais, connaissant les mœurs de la « maison », il est évident que tous ces relais attendent de recevoir, le moment venu, les prébendes électorales pour services rendus dans un parfait partage des rôles. C'est dire que le PRA n'a sans doute pas parlé pour ne rien dire. Pour dire beaucoup de choses, plutôt…