Le fossé qui sépare la direction nationale du Conseil national de l'enseignement supérieur (syndicat des enseignants du supérieur) et l'aile gréviste du syndicat en question semble se rétrécir, comme il a été constaté, hier, lors de l'ouverture de l'université d'été du CNES à Tipaza. En effet, l'attention portée par le comité d'accueil aux deux délégués de « la coordination des sections CNES en grève » (M. Nasser et M. El Bahi) n'est pas passée inaperçue. « Ils ont eu droit à tous les honneurs au même titre que Louisa Hanoune et Bouguerra Soltani qui étaient présents », a commenté un membre du comité d'organisation, non sans afficher sa satisfaction d'accueillir « des collègues et amis ». L'atmosphère était encore plus détendue (mais ponctuée de propos contradictoires), lorsque le staff dirigeant du CNES, dont le coordinateur national, Ali Boukaroura, et les « deux invités de marque » ont pris place à la même table au moment du déjeuner. Il faut dire que depuis l'enclenchement de la grève dans d'importants établissements du supérieur, le 13 mai 2006, les deux « parties » ne se sont jamais rencontrées. La direction nationale du CNES avait estimé à l'époque qu'il ne fallait pas recourir au débrayage par « respect à une décision de justice, rendue en référé le 9 mai 2006 ». L'autre partie, animée par les coordinations régionales du centre et de l'ouest, et des sections CNES de l'est et du sud du pays, devait afficher une vision opposée. Celle-ci suggérant que la grève était l'« unique alternative pour sauver l'université du chaos ». La grève, faut-il le souligner, est observée toujours dans lesdits établissements, dont l'université de Constantine, l'USTHB, l'UST Oran et l'université de Blida. Toujours est-il que la journée d'hier, même si elle n'a pas encore scellée la « réunification des rangs », était à l'heure de la détente. « Nous œuvrons pour une réconciliation réelle et définitive dans la famille CNES. Notre soucis majeur consiste à sauvegarder notre syndicat qui n'est la propriété de personne. Le CNES appartient à tous ses adhérents », a indiqué Ali Boukaroura, lors d'un point de presse tenu quelques instants avant l'arrivée des deux délégués du mouvement gréviste. Le coordinateur national est revenu sur les points qui, selon lui, « ne sont contestés par personne », allusion à l'aile gréviste. « Le CNES continuera à se battre jusqu'à satisfaction totale de ses revendications. Il ne se taira pas tant que la justice ne prononcera pas l'extinction définitive concernant les trois syndicalistes, à savoir Farid Cherbal, Mustapha Mechab et Khaled Bessila », a-t-il ajouté, signalant que « le syndicat est loin d'être un appareil au service du pouvoir ». Et d'ajouter : « Nos rencontres avec le ministère de l'Enseignement supérieur ont abouti à pas mal de choses, notamment le retrait des plaintes concernant les trois syndicalistes, même si cela reste insuffisant. Nous nous battrons pour que l'enseignant du supérieur soit réhabilité à sa juste valeur, en revendiquant la concrétisation immédiate du statut particulier et une grille salariale qui soit au moins équivalente à celle existant dans les pays voisins, soit dans la fourchette comprise entre 75 000 et 150 000 DA mensuels. » Le coordinateur du CNES dit ne pas exclure de « réoccuper le terrain de la contestation, si les engagements de la tutelle ne sont pas honorés ». Autrement, aller à la grève.