Décidément, In Salah ne décolère pas, son combat prend l'allure d'une lutte qui s'installe dans la durée et les animateurs du Collectif national pour un moratoire sur le gaz du schiste ne sont qu'au début d'un très important planning d'actions en perspective. La proposition d'une nouvelle méthode d'extraction du gaz de schiste par fracturation au fluoropropane formulée par le gouvernement est catégoriquement rejetée par le mouvement citoyen d'In Salah. Des animateurs de ce Collectif affirment que le gouvernement a essayé de manœuvrer et même de soudoyer certains représentants de la société civile à travers cette proposition, qui demeure techniquement impossible puisqu'elle fait toujours l'objet de recherches en laboratoire. Tous les spécialistes s'accordent à dire que cette technique est aussi toxique que celle de la fracturation hydraulique. «Comment expliquer à des femmes, des hommes et des enfants qui sont dehors depuis quatre mois, pour défendre leur droit à préserver leur environnement et leurs ressources en eau, qu'il faut accepter une nouvelle technique de fracturation», a déclaré à El Watan Week-end la militante écologique Hacina Zegzeg. «Le Collectif national s'est exprimé sur la question dans la presse à travers ses militants tels que M. Beghoul (représentant de la wilaya de Boumerdès) et le docteur Sabrina Rahmani (porte-parole et représentante de la wilaya d'Alger). Nous attendons une réponse à l'appel à un moratoire déposé le 23 février 2015, par la société civile d'In Salah, pas une nouvelle technique de fracturation.» Un des animateurs du mouvement antigaz de schiste d'In Salah n'a pas hésité à nous rappeler, à ce propos, que la ministre française de l'Environnement, Ségolène Royal, a récemment évoqué, devant les membres de l'Assemblée nationale, le danger potentiel que peut engendrer le développement de la fracturation au fluoropropane. Le mouvement citoyen qui a occupé la place Somoud pendant plus de quatre mois et se félicite du soutien actif des partis de l'opposition (notamment la CLTD) et de Rachid Nekkaz, prend un temps de réflexion pour se réorganiser ; il dresse son plan de bataille et «appelle les Algériens à se regrouper autour de cette cause qui demeure une question nationale, qui concerne tout le territoire national». Pour mieux cerner cette question dans tous ses volets technique, politique et financier, le Collectif national pour un moratoire sur le gaz du schiste projette la création d'une commission indépendante formée d'experts et de représentants de la société civile. Une commission qui fera certainement parler d'elle très prochainement.