Après le dérapage sécuritaire de samedi dernier, In Salah se prépare vraisemblablement à lever progressivement les camps, comme décidé une semaine plus tôt par les animateurs du mouvement de la contestation qui boucle son 67e jour. La date de la levée du sit-in, suggérée par l'armée lors d'une réunion, jeudi, en présence des délégués de la population n'a pas été précisée. Elle reste d'autant plus imprécise, puisque la place Somoud s'apprête à recevoir, demain, les représentants de l'opposition qui ont demandé à se rendre à In Salah. RUMEURS ET SPECULATIONS Hier, l'imam de la mosquée Senouci, au centre-ville d'In Salah, a focalisé son prêche du vendredi sur «la résistance historique de la population d'In Salah qui a suscité l'admiration du monde entier». Il a par ailleurs souligné : «In Salah vit désormais une unification exemplaire, un cœur unique bat pour nous.» Cheikh Della a indiqué qu'un «retour à la vie normale ne veut pas dire ‘‘renonciation'' à la protestation contre le gaz de schiste, notre message a été entendu». Peu avant, les rumeurs les plus folles ont circulé après la publication d'un démenti du collectif antigaz de schiste d'In Salah, dénonçant «un faux mail transmis vendredi aux rédactions nationales». Cette lettre affirmait que «les pourparlers avec les représentants de la 6e Région militaire avaient débouché sur un ultimatum donnant lundi prochain comme date butoir pour la levée du sit-in». Qu'en est-il vraiment ? Une réunion, tenue jeudi soir, a regroupé les représentants de la société civile locale avec la commission de sécurité de la daïra pour «évaluer la situation à In Salah». Le représentant de l'armée a demandé pour sa part aux délégués «de lever le sit-in pacifiquement». Pas d'ultimatum ni menace, mais un vœu, apprend-on auprès d'un délégué. Retour à la vie normale ? «L'idée d'un retour à la vie normale fait donc son chemin au sein de la population, qui reste déterminée concernant la question du gaz de schiste et attend la réponse du chef de l'Etat à sa demande de moratoire», affirme Mohamed Djouane, président de l'association Shams. Et d'ajouter : «Il ne s'agit nullement de laisser tomber notre cause.» In Salah, qui a vécu la semaine dernière ses premières émeutes, n'en revient pas d'avoir échappé à autant de violence avec pour acteurs des citoyens et les forces de l'ordre. Ces incidents sont d'autant plus extraordinaires qu'ils sont survenus 48 heures après que la proposition d'une suspension du sit-in de place Somoud ait été votée à l'unanimité, jeudi 26 février en soirée, par le groupe des 22 élargi aux 8 membres de la commission technique, à 19 voix contre 11. Cette décision concernait la levée du sit-in, la réouverture de l'administration et des écoles et… le maintien des tentes pour continuer à débattre sur le gaz de schiste et la fracturation hydraulique après les heures de travail. Même topo à Somoud 2, au PK35. La seule condition émise par les délégués était de s'assurer que la sonde a été délocalisée comme promis, surtout que le reste des équipements l'accompagnant était déjà transféré à Hassi Messaoud, selon nos informations. La délocalisation devait prendre une semaine de plus et les délégués s'apprêtaient à en informer le reste de la population samedi soir, après le retour des guetteurs qui sont allés à la base de vie de Halliburton vérifier que le matériel était parti. Les événements qui se sont succédé rapidement samedi 28 février et dimanche 1er mars ont reporté cette décision. «Des gendarmes ont affirmé que la fracturation hydraulique était maintenue.» Il a suffi d'une étincelle.