La crise au RND couve depuis plusieurs mois, mais cette fois-ci les cadres et les militants ont décidé de manifester clairement leur mécontentement, en réclamant le retour d'Ahmed Ouyahia. Depuis son installation à la tête du RND, en décembre 2013, Abdelkader Bensalah n'a jamais animé une conférence de presse. C'est pour la première fois, jeudi en marge des travaux du Conseil de la nation, qu'il a accepté volontairement de répondre aux questions des journalistes concernant la situation de crise que traverse le RND. Abdelkader Bensalah a refusé de parler de crise, mais a reconnu que son parti vit une «situation anormale». Le secrétaire général du RND a dit ne pas disposer, pour l'heure, de données complètes sur ce qui se prépare et l'état d'esprit général des cadres et des militants pour réagir clairement aux événements en cours. «Les événements se sont accélérés ces derniers jours, mais personnellement, je n'ai officiellement rien reçu de concret ! Je confirme toutefois que le parti vit une situation particulière», a-t-il déclaré. «J'ai eu vent de certaines informations concernant un malaise, mais je n'ai pas encore d'éléments palpables qui confirment ou démentent les informations rapportées par la presse ces derniers jours», a noté Bensalah, allusion faite à la pétition signée par les cadres et les militants de base du parti dans les 48 wilayas demandant son départ et son remplacement par Ahmed Ouyahia. A la lecture des déclarations de Bensalah, on comprendra que le deuxième personnage de l'Etat, de par sa fonction de président du Conseil de la nation, quittera le RND sans «résistance», car, pour lui, la stabilité du pays est liée à celle du parti. «Je travaille pour la stabilité du RND, car je demeure convaincu que la stabilité de ce dernier ne fera que renforcer celle du pays et passe avant toute autre considération personnelle», a-t-il affirmé. Bensalah assure, néanmoins, qu'il se donnera «quelque temps» avant de réagir et de prendre une décision quant à son avenir à la tête du RND. Il a tenté de rassurer toutefois les militants qu'il veillera à trouver une solution qui préservera la stabilité du RND et les a appelé ainsi à rester «calmes» et «sereins». La crise au RND couve depuis plusieurs mois, mais cette fois-ci, les militants ont décidé de rendre perceptible leur mécontentement. Des parlementaires, des cadres et la quasi-majorité des membres du conseil national se sont élevés contre la gestion chaotique de Bensalah et réclamé l'urgence de son remplacement. De leur avis, le RND ne peut plus supporter un fardeau comme Bensalah qui «est devenu un frein pour l'activités du parti», notent les députés. Sur les 360 membres du conseil national, 304 ont signé pour le retour d'Ouyahia et le départ de Bensalah. Des députés, au nombre de 67, réclament tous le retour de l'ancien secrétaire général et sur les 43 sénateurs, 34 ont signé pour le départ de Bensalah et le retour d'Ouyahia à la tête de la direction nationale. Bensalah est indésirable et ce dernier a parfaitement conscience de la situation et a reçu le feu vert «d'en haut» pour céder sa place, il a d'ores et déjà rédigé sa démission mais cherche, nous dit-on, le moment adéquat et la meilleure formule pour quitter la tête du RND. Une sortie honorable. Bensalah, selon des sources proches de son cercle, rencontrera aujourd'hui les membres du secrétariat national pour débattre et trancher sur cette question. S'il ne démissionne pas aujourd'hui, alors il le fera le 10 juin prochain lors de la session ordinaire du conseil national. «Nous avons préparé une motion de destitution de Bensalah. Nous allons la soumettre pour approbation le 10 juin et le conseil national, qui est l'instance suprême et l'organe qui décide entre deux congrès, installera Ouyahia dans ses fonctions en attendant d'aller vers un congrès extraordinaire», explique un député.