Le retour d'Ahmed Ouyahia aux commandes du RND se précise. La question est tranchée et elle fait consensus, non seulement auprès de la base militante, mais aussi «en haut lieu». Selon nos sources, le retour de Ouyahia à la tête du parti est une décision du pouvoir et elle répond apparemment à un «agenda politique» bien précis. L'homme des «sales besognes», qui a toujours su incarner, sur le plan politique, le pouvoir sous ses différentes composantes, a, nous dit-on, le profil parfait pour diriger le RND et aussi les destinées de l'Algérie. Ouyahia, qui a pris et exécuté des décisions impopulaires, a toujours assumé ses actes. Mais avec Bensalah, ce n'est pas le cas. «Cet homme est effacé. Il ne se positionne jamais par rapport aux questions importantes et d'actualité et ne s'implique jamais dans le débat politique, alors que le pouvoir a besoin d'un successeur qui ose affronter toutes les situations», nous confie une source proche du cercle de l'ancien chef de gouvernement. Ouyahia, que Bouteflika avait écarté de manière «peu élégante» de l'Exécutif et éliminé du RND en 2013, est revenu dans les rouages de l'Etat sur ordre de ce même Bouteflika, malade et affaibli à la suite d'un lourd AVC. Ouyahia a été rappelé, et ce n'est un secret pour personne, pour gérer les affaires de l'Etat, en l'absence d'un pilote à bord. Toutefois, la question qui se pose est de savoir si le retour de Ouyahia au RND est la formule choisie par le pouvoir pour le faire sortir de l'ombre et le remettre sur orbite, afin de le préparer pour jouer le rôle approprié le moment venu ? Wait and see… Pour l'heure, la quasi-totalité des membres du conseil national du RND ont signé une motion de soutien pour le retour de l'actuel directeur de cabinet de la Présidence, à la tête du RND. Ce document sera soumis, pour approbation, à la réunion du conseil national, prévue le 8 juin prochain. Par cette démarche, Abdelkader Bensalah sera mis devant le fait accompli. Quelle attitude adoptera ce dernier ? Remettra-t-il sa démission ? Cédera-t-il sa place à son prédécesseur ? Tout porte à croire que le deuxième homme de l'Etat, de par sa fonction de président du Conseil de la nation, partira en «douce», sans faire trop de bruit, dès lors qu'il sait, selon nos sources, que ce retour n'est pas seulement une revendication de la base, mais aussi une décision des «décideurs». «Sous l'ère Bensalah, le parti a reculé» «Le conseil national, l'instance suprême du RND, est composé de 369 membres représentant les 48 wilayas. Tous les coordinateurs de wilaya se sont réunis avec leurs équipes respectives et tous ont signé pour le retour de Ouyahia», affirme un militant de ce parti. Mais que reproche la base du RND à Abdelkader Bensalah ? Le député Tayeb Mokadem, secrétaire du bureau de la wilaya de Tizi Ouzou, avait lancé il y a quelques mois les préludes de la débâcle dans laquelle se retrouve le parti : la moelleuse gestion des activités partisanes, le manque de prise de décisions adéquates et l'égarement de certains membres centraux enchaînant des scissions croissantes et progressives dans plusieurs structures du parti à l'échelle nationale. «Ces maux risquent de gangrener plusieurs autres organes et le commandement central, à sa tête Bensalah, qui persiste dans sa léthargie, comme si de rien n'était. Nous exhortons Ouyahia à reprendre les rênes du parti dans les meilleurs délais possibles afin de redresser la situation qui risque actuellement de basculer. La crise couve depuis des mois», confirment les députés, qui estiment que Bensalah s'est avéré ne pas être l'homme de la situation, «il n'a aucun ancrage au niveau de la base, il méprise les militants et verse parfois dans l'invective et la menace. Le RND a fortement reculé sous l'ère de Bensalah. Ce dernier est inutile pour le parti et pour la République», assènent les députés. De plus, contactée pour connaître sa position, Mme Hafsi Nouria, la militante qui a mené campagne contre Ouyahia, affirme que pour le moment la situation n'est pas claire, mais avoue qu'elle n'a pas de problème personnel avec l'ancien secrétaire général du parti…