Au Sahara occidental occupé, le pillage des ressources naturelles de ce territoire non autonome a franchi une étape inquiétante au cours de ces deux dernières années, estiment dans une mise en garde envoyée le 15 avril dernier au secrétaire général de l'ONU, quelque 243 ONG, dont Western Sahara Resource Watch (WSRW). Pour valider de fait l'occupation du Sahara occidental, les autorités marocaines ont donné des concessions de recherche pétrolière à plusieurs compagnies étrangères dans le cadre d'un programme de forages signé avec l'Onhym, l'organisme marocain de recherche minière. Pourtant, un avis juridique de l'ONU, rendu en janvier 2002 à la demande du Conseil de sécurité, a conclu que «toute exploration ou exploitation pétrolière dans le territoire non autonome du Sahara occidental viole le droit international si elle ne se conforme pas aux souhaits et aux intérêts du peuple du territoire». En fait, et en violation de cet avis juridique de l'ONU, le Maroc a attribué jusqu'à présent sept permis pétroliers et gaziers sur le territoire. La compagnie pétrolière américaine Kosmos Energy Ltd, en collaboration avec la compagnie écossaise Cairn Energy PLC, a terminé le premier essai de forage de puits dans les eaux territoriales du Sahara occidental en février 2015. Le groupe français Total, l'américain Glecore Pc et d'autres compagnies pétrolières seraient susceptibles d'emboîter le pas à Kosmos Energy pour la recherche pétrolière au-delà des frontières internationales du Maroc, au Sahara occidental, selon les ONG signataires. Les mêmes ONG ont exhorté le Conseil de sécurité de l'ONU à condamner immédiatement le programme actuel de forages pétroliers du Maroc au Sahara occidental, et ont appelé le Maroc «à respecter son engagement au plan de règlement de 1988 de permettre l'organisation d'un référendum au Sahara occidental». Sur un autre registre, l'ONU et le Conseil de sécurité sont restés muets devant l'exploitation des gisements de phosphate, parmi les importants gisements dans le monde, du Sahara occidental par le Maroc. L'Union européenne n'est pas en reste dans ce pillage systématique des ressources économiques du Sahara occidental. Car après le pétrole et le phosphate, le Maroc a bradé les richesses halieutiques de ce territoire non autonome en établissant un nouvel accord de pêche avec Bruxelles. Pour 40 millions d'euros par an, cet accord, adopté le 12 décembre 2013 au Parlement européen par 310 voix pour, 204 contre et 49 abstentions, donne le feu vert à 126 bateaux-usines battant pavillon de 11 pays européens, dont l'Espagne, contre 137 navires en 2007, pour aller pêcher dans les eaux poissonneuses du Sahara occidental occupé pour les quatre prochaines années. Des ONG, qui ont toujours milité pour le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, ont relevé que cet accord ouvre de nouveau la voie à la spoliation des richesses halieutiques du Sahara occidental.