En ces moments de Daech, de guerres religieuses, de fanatisme, d'intolérance et de violence, le forum de Liberté a été hier un temps de paix, d'humanitaire et de la bonne parole prônée par le cheikh de la confrérie El Alaouia de Mostaganem, Khaled Bentounès. Il ne faut pas être un adepte du soufisme pour apprécier, se sentir concerné par la tolérance et la paix que diffuse cet islam-là, lorsque l'on voit des nervis, ignorants et violents islamistes – et l'Algérie en compte beaucoup ces derniers temps – sur des plateaux de télévision, dans des mosquées, se réclamant de la même religion, défendant et surtout voulant imposer au reste de l'humanité une version et un mode de vie, on le voit tous, macabre et inhumain. La parole de Khaled Bentounès paraît alors exotique, venue d'ailleurs, à laquelle les masses n'arrivent pas à accéder. Le regard du reste de l'humanité envers les musulmans après les violences commises par les groupes extrémistes un peu partout dans le monde, l'image choquante qu'offre ce qui se passe dans les pays musulmans semblent motiver au plus haut point cheikh Bentounès à militer et faire plusieurs voyages et initier une multitude d'actions pour prêcher la bonne parole, montrer un autre visage des musulmans et même mieux : explorer le chemin du «vivre-ensemble». «Avec le repli sur soi, qui a envahi l'Occident, et l'islamophobie, les gens se posent plus de questions sur l'islam, sur la société de demain, sur le vivre-ensemble», souligne l'invité de Liberté qui constate en effet que «les choses bougent, c'est un mal pour un bien». Le cheikh de la confrérie El Alaouia veut apporter, lui aussi, sa contribution. Il active pour l'adoption, au sein des Nations unies, d'«une journée mondiale du vivre-ensemble». Pour lui, «c'est un levier qui permettra de toucher les consciences». Il faut, dit-il, créer l'académie mondiale de la paix. «Est-ce que la paix ne vaudrait-elle pas d'être enseignée ?» s'interroge Khaled Bentounès qui juge que la nécessaire «éducation de la paix pense comment mettre les gens en synergie et non pas en opposition». «C'est un enseignement de base qui nous invite à la rencontre», indique le conférencier. «Il faut se mobiliser pour faire de la religion une spiritualité et non une religion négative instrumentalisée dans la recherche du pouvoir», explique l'invité du forum de Liberté en soulignant que l'islam c'est la tolérance, la paix. Selon lui, «la charia n'est pas la loi, mais la voie pour spiritualiser nos sens». «Le Coran ne dit pas ça», tranche-t-il en appelant à mettre en place un conseil des sages pour qu'ils donnent leur avis sur les questions importantes de l'islam. Et l'islam que prône Khaled Bentounès, c'est celui qui sème la paix et la tolérance, donne de l'importance aux arts et à la musique, consacre l'égalité des genres. «C'est cela notre religion», martèle le conférencier avec force arguments. Le cheikh de la confrérie El Alaouia fait appel aux textes coraniques et à certains événements marquants de la vie du Prophète. Le voile, pour lui, est une tradition antérieure de plusieurs siècles à l'islam ; un vêtement traditionnel de toutes les civilisations méditerranéennes. Regrettant le fait qu'il ne soit pas assez écouté dans son pays, Khaled Bentounès met en garde contre le discours de l'islam radical. «On ne fait qu'exacerber un mal qui va provoquer des fractures», avertit le conférencier qui considère que l'islamisme, l'islamophobie et l'antisémitisme font partie d'un fonds de commerce. Quelle portée pourrait avoir l'islam tolérant qu'il prêche ? Le cheikh de la confrérie El Alaouia ne désespère pas mais ne se fait pas aussi beaucoup d'illusions devant l'influence de l'islam radical version wahhabiste. L'Arabie Saoudite possède et finance des centaines de dizaines de centres qui forment 45 000 imams qui propagent l'intolérance. «Le champ est laissé libre à l'intolérance et à la violence», indique l'invité de Liberté qui dit qu'«en Algérie, les imams sont ce qu'on a voulu qu'ils soient».
