L'affaire dite des maires de Skikda a connu, hier, un revirement que d'aucuns estimaient inévitable au vu de la gravité des accusations portées contre les mis en cause et aussi du nombre impressionnant des personnes citées. Ainsi, après la mise sous contrôle judiciaire prononcée par le tribunal de Collo à l'encontre de pas moins de 35 personnes et suite à l'appel introduit par le procureur, la chambre d'accusation du même tribunal a siégé, hier, durant plus de sept heures pour prononcer sa sentence et ordonner la mise sous mandat dépôt du chef de la sûreté de la daïra de Azzaba, de deux cadres de la direction régionale de la Sûreté nationale de Constantine, du gérant d'un bureau d'informatique et de quatre entrepreneurs. Le reste des accusés demeure sous contrôle judiciaire. Cette affaire, qui est venue ébranler la fausse quiétude de la wilaya de Skikda, a eu l'effet d'une bombe auprès de l'opinion publique, même si pour les Azzabis elle ne représenterait qu'une goutte dans l'océan de la déliquescence et du despotisme dont souffre leur région. La présence de plusieurs maires de la région est de la wilaya de Skikda dans la liste des personnes appelées à comparaître conforte en quelque sorte la gravité de l'affaire. Pour preuve, la justice a retenu plusieurs chefs d'accusation contre les personnes mises en cause. Ainsi, la justice évoque l'abus d'autorité, la corruption, le faux et usage de faux, le détournement et la dilapidation des biens publics. Autre fait lié à cette affaire, les maires qui sont impliqués exercent tous dans la même circonscription dépendant de la daïra de Azzaba, donc le lien avec le chef de la sûreté de la même daïra ne semble guère fortuit. Ont-ils agi sous la menace ou par connivence, ce sera à la justice d'apporter la réponse. Depuis l'étalage public de cette affaire, plusieurs versions sont rapportées par la vox populi. On avance même la somme de 40 milliards de centimes qui aurait été détournée. Au niveau de la justice, où la transparence et la communication ont été exemplaires, on reste serein, préférant attendre la poursuite des investigations. A Azzaba, les habitants pensent que cette affaire ne s'arrêtera pas à ce niveau et que beaucoup de surprises viendront conforter la mainmise opérée par certains clans locaux sur la ville. Cette affaire est venue également remettre à jour beaucoup d'évènements malheureux qui ont eu lieu à Azzaba, comme les manifestations populaires de Diar Ezzitoune qui ont coûté la vie à un jeune et le dernier incendie d'un bar. On évoque aussi l'impunité dont bénéficiait un gérant d'une salle de cinéma située au centre-ville et qui projetait des films pornographiques. Y a-t-il un lien entre ces évènements et l'affaire des maires de Skikda ? Laissons la justice faire son travail.