La cacophonie qui a caractérisé le remaniement du gouvernement et le rectificatif opéré lundi dernier confirment le profond malaise dans lequel patauge le régime algérien. «C'est un signe de fin de règne pour le système. Cette étape se manifeste notamment par l'aggravation de la crise qui gagne l'institution présidentielle», affirme Abdelaziz Rahabi, ancien ministre de la Culture et de la Communication. Selon lui, cette crise apparaît aussi dans le fonctionnement du gouvernement et des partis qui gravitent autour du pouvoir. «Aujourd'hui, il n'y a pas de discours gouvernemental. Les partis du pouvoir ne sont plus dans le gouvernement et ne sont plus dans l'Exécutif. Aujourd'hui aussi, le gouvernement est flottant», ajoute-t-il. Les partis politiques d'opposition développent aussi la même analyse. Ceux qui ont réagi, hier, au remaniement du remaniement du gouvernement opéré par décret présidentiel n'ont pas lésiné sur les qualificatifs pour désigner cette «cacophonie» au sommet de l'Etat. «La cacophonie qui a marqué ce remaniement est, selon toute vraisemblance, l'épilogue d'un affrontement clanique qui va sans doute connaître d'autres rebondissements», déclare Youcef Aouchiche, chargé de communication au Front des forces socialistes (FFS). Selon lui, l'Algérie a besoin de changement à tous les niveaux, «mais ce remaniement est inutile et absurde». «On ne change pas pour changer. Ceux qui disent que le nouveau gouvernement est purement technocratique ont tort. Car tout gouvernement est chargé d'une option et d'une orientation politique, économique et sociale. Et cette option est restée la même», dit-il. Le RCD estime, pour sa part, que «cette manière de faire prouve toute la faillite du pouvoir et atteste désormais de l'impotence et de l'incapacité du chef de l'Etat à assurer le minimum dans la gestion des affaires de la nation». «Remanier en moins de cinq jours un gouvernement remanié en touchant même aux postes de souveraineté mérite de figurer dans un Guinness du ridicule. Ceci ne peut arriver qu'en Algérie, un pays non gouverné, devenu la risée des nations», précise Athmane Mazouz, chargé de communication au RCD. Selon lui, la question de «qui gouverne en Algérie est maintenant sérieusement posée». «Elle est posée avec un désordre institutionnel qui frise le burlesque, avec notamment la confusion qui demeure entière malgré ces réaménagements pour se retrouver avec deux ministres des Affaires étrangères et deux ministres de l'Energie (...). Aujourd'hui, les Algériens ont une autre preuve de la déchéance et de l'impasse qui minent la nation», soutient-il. «Le pays en danger» De son côté, le président de Jil Jadid, Soufiane Djilali, affirme que «désormais, le désordre induit par le 4e mandat du président Bouteflika est arrivé à la plus haute institution du pays». «La présidence de la République est devenue comme un moulin ouvert, où il n'y a pas de chef et de décideur. C'est un signe de fin de règne. Monsieur Bouteflika est devenu un générateur de désordre et cela devient dangereux pour le pays», lance-t-il. Pour lui, «les conséquence de ce désordre pourrait s'avérer plus grave pour le pays». Dans le même sens, le président du MSP, Abderrazak Makri pense que «ce remaniement prouve que le régime a perdu la boussole». «Il est maintenant confirmé, même chez les sympathisants du pouvoir, que le pays vit une situation de déliquescence réelle de la structure du pouvoir. Ces hésitations démontrent que des groupes de pression internes et externes ont pu prendre le centre de décision qui est peut-être mis entre les mains des personnes que la Constitution n'autorise pas à intervenir dans la décision», écrit le premier responsable du MSP dans un commentaire posté sur sa page facebook, précisant que le pays «traverse une situation dangereuse».