Abdelkader Bensalah, secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), semble résolu à quitter les commandes de son parti dans la «dignité» et sans aucune «résistance». Pour préserver l'unité du RND, éviter d'éventuels «coups de poing» ou de se donner en spectacle, le deuxième personnage de l'Etat de par sa fonction de président du Conseil de la nation s'est inspiré de son prédécesseur Ahmed Ouyahia. Il compte démissionner de son poste de secrétaire général en s'adressant, comme l'a fait Ouyahia le 3 janvier 2013, à ses militants via une lettre détaillée motivant son départ. Bensalah, secrétaire général du RND depuis 2013, ne participera pas, selon nos sources, à la session ordinaire du conseil national du parti qu'il a convoqué pour le 10 juin prochain. C'est l'actuel directeur de cabinet de la Présidence qui sera présent à ce conclave et c'est lui qui sera installé pour assurer l'intérim jusqu'à la tenue d'un congrès extraordinaire. D'après un proche d'Ouyahia, les deux hommes se sont rencontrés mardi dernier dans la soirée et se sont entendus, selon toute vraisemblance, sur la marche à suivre afin de répondre positivement aux attentes de la base militante. Une base qui réclame depuis quelques mois le départ de Bensalah et le retour d'Ouyahia a la tête du RND. Bensalah disait, il y a une semaine, qu'il ne disposait pas de données complètes sur ce qui se prépare et l'état d'esprit général des cadres et des militants pour réagir clairement aux événements en cours. «Les événements se sont accélérés ces derniers jours, mais personnellement, je n'ai officiellement rien reçu de concret ! Je confirme toutefois que le parti traverse une situation particulière», avait-il déclaré, en ajoutant : «J'ai eu vent de certaines informations concernant un malaise, mais je n'ai pas encore d'élément palpable qui confirme ou démente les informations rapportées par la presse ces derniers jours.» Bensalah qui se cherchait, en fait, une sortie honorable, a fini par trouver aujourd'hui sa voie. D'autant plus qu'il ne pouvait pas tourner le dos a la crise qui couve au parti ni faire semblant d'ignorer la pétition signée par la majorité de militants exigeant son départ. Sur les 360 membres du conseil national, 304 ont signé pour le retour d'Ouyahia et le départ de Bensalah. Des députés, au nombre de 67, réclament le retour de l'ancien secrétaire général et sur les 43 sénateurs, 34 ont signé pour le départ de Bensalah et le retour d'Ouyahia à la direction nationale. Bensalah a fini par comprendre qu'il était indésirable et, d'après certaines informations, il aurait reçu le feu vert «d'en haut» pour céder sa place. Sa lettre de démission est prête, mais il cherche juste le moment approprié pour la rendre publique. Le scénario le plus plausible, nous dit-on, est que Bensalah annoncera son retrait de la direction du parti à la veille de la tenue du conseil national. «Nous avons préparé une motion de destitution de Bensalah que nous soumettrons pour approbation le 10 juin. Le conseil national, qui est l'instance suprême et l'organe qui décide entre deux congrès, installera Ouyahia dans ses fonctions en attendant d'aller vers un congrès extraordinaire», explique un député. Ainsi, le retour d'Ouyahia fait consensus non seulement au niveau de la base militante, mais aussi en haut lieu. Par ce retour, Ouyahia se replace sur l'échiquier politique.