Le leader de Jil Jadid, Soufiane Djilali, a dressé, hier, un véritable réquisitoire contre le pouvoir, à sa tête le président Abdelaziz Bouteflika. Soufiane Djilali a répondu au Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui appelle les Algériens à se serrer la ceinture en raison de la situation critique que risque de vivre le pays dans les prochaines années. Il a également réagi aux changements opérés à la tête des entreprises financières. Sous le titre «Sabah el kheir Monsieur Sellal», M. Djilali rappelle au chef de l'Exécutif qu'il y a à peine un peu plus d'une année, lorsqu'il était directeur de campagne «d'un candidat fantôme», il a promis monts et merveilles à des auditoires crédules, que «la crise ne nous concerne pas», que «Mascara allait devenir la Californie», que «nous allons construire deux millions de logements», que «nous allons créer des millions d'emplois»… Qu'il était facile de dire aux jeunes : «Vous avez l'argent de l'Ansej pour vous marier !» Le pouvoir semble, selon Soufiane Djilali, sortir aujourd'hui de sa torpeur et est choqué par la chute imprévue du prix du pétrole. Ce réveil tardif intervient, ironise le président de cette formation, après un temps perdu dans la dilapidation des deniers publics. «Après avoir dilapidé les biens de la nation, pioché sans aucune précaution dans les caisses de l'Etat, distribué à tout vent l'argent public sans aucun contrôle et en dehors de toute loi, enrichi les copains et les coquins, acheté la paix sociale en cultivant la corruption des âmes et des esprits, voilà que ces messieurs s'inquiètent pour l'avenir de nos réserves de change tout en nous annonçant un futur endettement !» s'exclame le patron de Jil Jadid, qui ne comprend pas l'attitude du pouvoir, qui, après avoir bloqué le développement du pays, empêché le véritable investissement productif, favorisé odieusement les circuits maffieux de l'importation, acheté le silence des puissances en leur offrant les richesses du peuple, et surtout détruit la véritable élite, vient à travers, M. Sellal, annoncer aux Algériens qu'il va devoir «siphonner» le reste des réserves d'ici 2019. Pour le président de Jil Jadid, il n'y a rien à attendre de dirigeants qui ont, en 15 ans, mis à exécution un plan de dissolution de la société algérienne (mensonges d'Etat, trafic, corruption généralisée, prédation systémique, destruction de l'école et de l'université, détournements de deniers publics et du foncier…). Pour lui, l'Algérie est entrée dans la dernière phase de ce plan, à travers la destruction de l'Etat. «Maintenir à la tête de l'Etat un homme qui a été à la source de l'échec national durant trois mandats en dirigeant le pays comme une propriété privée, tout en cultivant le culte totémique, était un acte gravissime», s'insurge Soufiane Djilali, expliquant que «l'ampleur de ce complot destructif apparaît dans toute sa laideur à travers le maintien de Bouteflika au pouvoir sur un fauteuil roulant et dont les Algériens normaux ont honte, car ils ne voient de lui que quelques images trafiquées. Maintenant que le désastre pointe à l'horizon, que la casse sera inéluctable, le pouvoir nous promet de consommer (pour lui, bien entendu) jusqu'au dernier centime les avoirs du pays, puis de nous endetter de nouveau». Soufiane Djilali estime qu'il y a des signes d'un pouvoir affichant pleinement sa volonté de continuer à diriger le pays. Et, selon lui, si les Algériens ne veulent pas réagir et prendre leurs responsabilités, «ce pouvoir ne lâchera le pays qu'une fois rongé comme le sont ces victimes tombées dans des eaux infestées de piranhas», note Djilali. Et d'ajouter : «Ceux qui dénonçaient la destruction de l'économie et les politiques suicidaires du pouvoir ont été taxés de pessimistes, de politiciens malintentionnés ou de traîtres à la solde de l'étranger, voire du terrorisme international».