Fondée en 2001, la fondation «La Grande Maison» de Tlemcen œuvre à faire vivre l'œuvre de Mohammed Dib dans une démarche d'ouverture à un large public et de dialogue entre différentes expressions artistiques. «Il ne s'agit pas uniquement de glorifier l'œuvre, mais surtout de la transmettre. Non seulement élargir le lectorat, mais aussi donner la possibilité à tous les talents de créer à partir de l'œuvre de Dib», explique Mme Sabeha Benmansour, présidente de la fondation. Cette association multiplie donc les initiatives pour promouvoir cet écrivain emblématique de Tlemcen. Installée au cœur de la ville, dans le site historique d'El Mechouar, elle revendique un certain ancrage tlemcénien de Dib sans pour autant vouloir enfermer cette œuvre universelle dans la ville natale de son auteur. Dès les premières années, des ateliers de lecture sont organisés afin de vulgariser l'œuvre auprès du grand public. L'action de la Grande Maison part du constat de la méconnaissance de l'œuvre de Mohammed Dib. «Cela tient à deux raisons, explique Mme Benmansour. La première, c'est l'édition. Très longtemps, l'œuvre de Dib (comme beaucoup d'autres auteurs algériens) n'était pas éditée en Algérie. Elle n'était donc pas accessible. La seconde raison, qui a eu un impact positif mais en même temps réducteur, c'est le feuilleton de Mustapha Badie. El Hariq a transporté Dib dans tous les foyers algériens, mais cela a aussi réduit l'œuvre de Dib à deux œuvres seulement : La Grande maison et L'Incendie». Des activités sont donc initiées pour mettre en avant des pans méconnus de l'œuvre et cela en dialogue avec des créations contemporaines. C'est ainsi que fut créé en 2003 le prix Mohammed Dib, présidé par un jury international, pour récompenser les nouvelles écritures algériennes. La prochaine édition est d'ailleurs prévue pour mai 2016. Outre la littérature, les artistes venus du cinéma, du théâtre, des arts plastiques ou de la photo sont également invités à proposer des œuvres en prolongement ou en dialogue avec les écrits de Dib. Cette volonté d'ouverture est palpable dans le programme des dernières «Rencontres dibiennes» organisées par la fondation. En effet, outre des communications universitaires de grande qualité et des témoignages inédits, les rencontres proposaient une exposition issue d'une résidence de jeunes artistes, ainsi qu'une pièce de théâtre (adaptation de la nouvelle Paquita ou les yeux ravis) montée par Boumediene Zeblah au sein de la fondation. De jeunes étudiants du Département de français ont également animé des lectures dans les lieux qui ont inspiré les textes. Nadjet Benchouk, qui les a encadrés, raconte que les lecteurs ont découvert des œuvres de Dib, mais aussi une nouvelle vision de lieux qui leur étaient familiers. Lire Dib à partir du monde d'aujourd'hui et, inversement, lire notre monde à partir de la pensée de Dib. Tel serait le credo de La Grande Maison.