Le constat au point de vue production littéraire est amer. En choisissant le thème «Quelle perspective pour les jeunes écrivains?», la fondation Dib de Tlemcen a honoré la pensée de feu Dib Mohammed qui «a toujours aidé les jeunes écrivains en les conseillant et en les encourageant». C'est ce qu'a affirmé Sabéha Benmansour, présidente de la fondation Dib, lors de la table-ronde organisée à la radio régionale de Tlemcen, jeudi dernier. Le débat était très riche, le niveau d'intervention était à la hauteur et à la dimension de l'oeuvre dibienne, un patrimoine universel qui honore ce fils de l'Algérie « inconnu » dans son pays. Sofiane Hadjadj qui représentait la maison d'édition Barzak, intervint pour expliquer les difficultés que connaissent les maisons d'éditions algériennes car les grosses pointures préfèrent éditer leurs oeuvres en français à Paris, et en arabe au Caire ou à Damas. Mme Bekhaye et Nacéra Belloula évoquèrent le problème du lectorat, l'environnement culturel et les difficultés pour se faire éditer. Jaoudet Gassouma, jeune écrivain, n'a aucun complexe envers les grands écrivains en lançant: «Dib n'est pas un dieu ! J'ai été réconforté, dit-il, de voir un de mes textes repris par un manuel scolaire de lycée». M. Hakim Miloud, directeur de la culture de la wilaya de Tlemcen dira qu'il y a de nouvelles sensibilités et que les jeunes écrivains d'aujourd'hui appartiennent au monde. Khaled Ouadah, très critique en tant que psychanalyste, parla de panne de transmission et revient à l'école où il y a un duel entre l'élève et le maître. Cette commémoration a donné l'importance à l'enfant avec un concours pour auditeurs de la radio de Tlemcen sur un conte pour enfants, Salem et le sorcier et Au café de Mohammed Dib. Les meilleurs dessins ont été primés lors d'une nouvelle émission radio diffusée en direct, hier dimanche 1er mai 2005, avec un spectacle théâtral proposé par l'atelier de théâtre de la fondation «Pakita ou les yeux ravis», de Mohammed Dib. Au cours de cette commémoration du décès de Mohammed Dib, enterré loin de ses racines à Paris, la fondation Dib de Tlemcen, aidée par l'APC, la Radio de Tlemcen et la Direction de la culture, a montré la voie à suivre à la société civile : s'occuper des jeunes, aider les jeunes talents avec l'institution du prix annuel Mohammed Dib pour le meilleur essai ou roman. Ya-t-il effectivement panne ou rupture, pour paraphraser Khaled Ouadah? Le constat au point de vue production littéraire est amer, malgré ces quinzaines du livre animées par les nouvelles maisons d'édition, il faut «favoriser le livre et écrire» comme l'a si bien dit Khaled. Mme Sabéha Benmansour, présidente de la fondation Dib, conclut par cette boutade de feu Dib devant des jeunes écrivains: «N'essayez pas d'écrire des best-sellers, mais écrivez!»