Après la «solidarité arabe» longtemps chantée mais qui n'a été qu'une opération de propagande au service des régimes en place, c'est au tour du mythe de la «oumma islamiya» de voler en éclats. Si dans le premier cas, c'est surtout la question palestinienne qui a mis en évidence l'incompétence et la lâcheté des potentats qui nous dirigent, l'affaire des Rohingyas a mis à nu le monde musulman. Les Rohingyas sont une minorité musulmane d'environ un million et demi qui vit en Birmanie, un pays à majorité bouddhiste. Ils ne sont pas reconnus comme Birmans et n'ont droit ni au travail ni aux services sociaux ; leurs enfants sont interdits d'école et, surtout, ils ne sont pas considérés comme citoyens à part entière alors qu'ils vivent dans le pays depuis la nuit des temps. De plus, ils sont persécutés par les fanatiques bouddhistes qui ont engagé contre eux une horrible campagne d'épuration ethnique. Même le prix Nobel de la paix, Mme Aung San Suu Kyi, qui s'était distinguée par son combat contre la dictature et pour l'instauration de la démocratie, observe un grand silence face à ce crime contre l'humanité, et ce, pour des raisons bassement électoralistes. Mais ce qui fait le plus mal, c'est le silence des pays musulmans. L'Organisation de la conférence islamique (OCI), créée à l'initiative des wahhabites saoudiens et dont le siège se trouve à Djeddah pour, soi-disant, œuvrer à l'épanouissement et à la défense des musulmans où qu'ils se trouvent, n'a pas pipé mot. Il est vrai que le régime de Riyad est plutôt occupé à affaiblir la communauté à travers le salafisme armé qu'il a engendré. Plus grave encore, trois pays musulmans – l'Indonésie, le Bengladesh et la Malaisie – font ouvertement la guerre aux Rohingyas. Ces derniers sont en train de fuir leur pays à bord de bateaux de fortune. Ceux qui ont la chance d'arriver en vie au large des côtes de ces «pays frères» sont refoulés en haute mer. Pour ceux qui réussissent à débarquer, le Bengladesh a trouvé une solution à l'hitlérienne : il a décidé de les regrouper sur une petite île transformée pour la circonstance en camp de concentration. Le Premier ministre de ce pays les a traités de «malades mentaux». Comme les musulmans sont totalement défaillants et complètement insensibles à la douleur de leurs coreligionnaires, ce sont les «infidèles» qui essayent de faire quelque chose pour cette minorité. L'Occident chrétien est en train de se démener pour sauver ce qui reste de cette ethnie. Une conférence à cet effet s'est ouverte hier à Bangkok, mais l'espoir de trouver une issue humanitaire est mince. Seuls les Etats-Unis se sont fait représenter à un niveau respectable et comme ardents défenseurs des Rohingyas. Ils se donnent au moins bonne conscience devant un tel cas. Ils feront ainsi un peu oublier les dégâts qu'ils commettent en Syrie et en Irak notamment. Les musulmans, quant à eux, vivront avec leur honte. Comme la Ligue arabe, la preuve est aujourd'hui faite pour dire que l'OCI, elle aussi, est un organisme inutile, qui absorbe l'argent des peuples et qui n'est qu'au service des régimes.