L'ancien chef de gouvernement et ex-candidat malheureux à la dernière élection présidentielle, Ali Benflis, estime que l'Algérie est en danger. Un péril vers lequel le pays est conduit par le système et ses gouvernants, en lui faisant perdre une multitude d'occasions de se hisser au rang des pays démocratiques. «Oui, nos gouvernants ont fait perdre à notre système politique l'occasion d'une modernisation et d'une démocratisation du pouvoir et l'ont, tout au contraire, mené vers le tunnel sombre de la personnalisation du pouvoir qui en a exacerbé le caractère autoritaire et totalitaire», a-t-il déclaré à l'ouverture des travaux du cinquième congrès régional de son parti, Talaîou El Houriyet (Avant-garde des libertés), tenu hier à Blida. Pour lui, ce danger qui guette le pays «n'est pas une chimère, tout comme il n'est pas une vue de l'esprit» mais, c'est une réalité amère. «Ce danger n'est pas non plus l'œuvre factice de semeurs de frustrations et de désespoir, tout comme il n'est pas le produit d'un alarmisme politicien. En somme, ce danger est une réalité amère, une situation douloureuse et un fait particulièrement dur à accepter. Comment le pays ne pourrait-il pas être en danger lorsque le sommet de l'Etat ne guide plus la nation, que le gouvernement ne gouverne pas et que les institutions ont quasiment cessé de prendre en charge effectivement les affaires de la nation et la destinée de notre peuple ?» s'interroge-t-il. Ali Benflis estime, dans la foulée, que cette situation est la conséquence directe de la vacance du pouvoir et la carence du gouvernement. «Comment le pays ne pourrait-il pas être en danger alors que le pouvoir est dépourvu de légitimité et de crédibilité ? Comment le pays ne pourrait-il pas être en danger alors qu'une gouvernance défaillante a manqué de faire bon usage d'une décennie d'opulence financière exceptionnelle pour bâtir une économie nationale puissante et performante», demande-t-il. Selon lui, les gouvernants ont fait perdre au pays l'occasion de bâtir une économie nationale productive, compétitive et performante. Les mêmes gouvernants, ajoute-t-il, ont fait perdre au pays la possibilité d'opérer des réformes sociales, tout en divisant la citoyenneté «en deux catégories : supra-citoyenneté et infra-citoyenneté». Dans ce sens, Ali Benflis dénonce l'incapacité du système politique national à produire un projet politique rassembleur, à formuler des ambitions attractives et incitatives et à indiquer des perspectives souhaitées par tous. «Le système politique national n'est plus guidé que par le souci du maintien du statu quo ; il est devenu ainsi un agent de ce statu quo, un facteur d'immobilisme et un faiseur de stagnation, voire de régression», lance-t-il.