Même s'il n'a pas réussi à occulter totalement la situation tout aussi dramatique dans les territoires palestiniens et même en Irak et en Afghanistan, le dossier libanais a tout de même accaparé cet été l'essentiel de l'actualité internationale, et cela a fait craindre que les autres sujets de politique internationale soient oubliés ou marginalisés. Détruit par l'armée israélienne, le Liban apparaît comme un autre cas d'espèce avec une présence internationale qui ôte à ce pays certains symboles de souveraineté, à supposer que cela fut pleinement le cas. Comme cette histoire de surveillance des frontières qui s'étend jusqu'au voisin syrien encombrant et qu'il a fallu pousser vers la sortie. C'est aussi la question du désarmement du Hezbollah laissée en suspens, mais aussi comme une charge prête à exploser comme si cela était recherché. Vient aussi l'enquête sur l'assassinat de l'ancien premier ministre Rafic Hariri, qui se poursuit sans grand résultat, en tout cas beaucoup moins que ce qui se disait quant aux responsables supposés. Ceux-là ne sont pas pleinement identifiés et formellement accusés que l'on pense déjà à l'institution qui aura à les juger. Ce sont les Libanais eux-mêmes qui en ont fait la demande, et on apprenait hier que le projet de créer un tribunal pour juger les responsables de l'assassinat de Rafic Hariri « progresse rapidement » mais des « clarifications » doivent encore être apportées. C'est ce qu'a déclaré hier un haut responsable de l'ONU en visite à Beyrouth. Pendant sa visite de deux jours dans la capitale, Nicolas Michel, secrétaire général adjoint aux affaires juridiques de l'ONU, a rencontré le Premier ministre Fouad Siniora et le ministre de la Justice Charles Rizk. « Ces rencontres constituent une importante avancée vers l'adoption des bases juridiques nécessaires pour la mise en place d'un tribunal » à caractère international, a déclaré M. Michel lors d'une conférence de presse. « Nous avons identifié pendant les discussions un nombre limité de points qui demandent des clarifications », a poursuivi le responsable de l'ONU en refusant de donner des précisions. « Le travail est toujours en cours mais nous pouvons dire que les progrès ont été rapides et substantiels ces derniers mois », a-t-il dit. « Du côté de l'ONU, la prochaine grande étape sera la rédaction du rapport que le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan soumettra au Conseil de sécurité avec le projet d'accord et de statut du tribunal », a-t-il dit. Le ministre libanais de la Justice avait déclaré jeudi avoir « reçu le projet » qui « mérite des précisions avant la version définitive ». Ce projet doit être présenté au gouvernement puis soumis au vote du Parlement. Ce tribunal sera composé de deux chambres, un tribunal de première instance composé de trois juges, dont un Libanais, et une cour d'appel de cinq juges, dont deux Libanais, selon lui. M. Annan a recommandé en mars la création d'un tribunal à caractère international composé de juges libanais et internationaux et dont le siège sera hors du Liban pour juger les responsables de l'assassinat en février 2005 de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri. Une commission d'enquête de l'ONU a pointé du doigt, dans des rapports d'étape, les responsabilités de responsables syriens et libanais dans l'assassinat. Un premier juge s'est contenté d'établir des rapports d'étape. Il a fini par se retirer, mettant en avant des raisons personnelles. Son successeur n'a pas fait mieux en termes de résultats bien entendu, alors que les Libanais ainsi que l'opinion internationale attendent justement de connaître les auteurs de cet attentat et tous les autres qui ont mis en danger la stabilité du Liban.