La nouvelle équipe gouvernementale de Abdelmalek Sellal – à part une vingtaine de ministres indétrônables et incompétents sur lesquels pèsent des doutes sérieux –donne l'impression de travailler dans la sérénité et le sérieux qui permettent de croire que tout n'est pas encore perdu malgré les désastres du bouteflikisme. Certains ministres sortent même du lot et se distinguent par des initiatives belles et audacieuses. L'homme en charge des Affaires religieuses en fait partie. Mohamed Aïssa n'hésite pas à s'attaquer frontalement à l'obscurantisme et au charlatanisme depuis que le FIS est apparu sur la scène politique et terroriste. Il vient d'annoncer la création d'un observatoire sur l'extrémisme religieux. C'est une excellente initiative et l'Algérien en a bien besoin. Elle s'impose même. Depuis que le salafisme s'est implanté au sein de la société, le pays s'est trouvé embarqué dans des aventures dangereuses, avec comme point d'orgue la décennie 1990 marquée par les horreurs commises par les organisations terroristes du parti de Abassi Madani et Ali Benhadj. N'était la détermination de Liamine Zeroual, le pays aurait sombré dans un chaos total. Grâce à lui, l'Algérie a vaincu militairement le terrorisme mais, malheureusement, l'islamisme a été remis en selle par Abdelaziz Bouteflika qui reconnaissait publiquement avoir des affinités avec la mouvance. Au point que le citoyen est agressé aujourd'hui en permanence par la propagande wahhabite dans les mosquées et à travers la presse écrite et télévisuelle. Certaines chaînes – ou au moins une – auraient été financées par le Qatar avec pour mission de distiller régulièrement le venin obscurantiste. Leurs relais sont, entre autres, un Chams Eddine autoproclamé cheikh, un Hammadache devenu porte-parole de l'idéologie saoudienne suite à une formation dans le royaume des Al Saoud. C'est ainsi que l'anathème est lancé contre les démocrates, que les charlatans de la roqia ont envahi le petit écran dans le but d'abêtir les gens, que les lieux de culte sont également ceux de recrutement de terroristes. Il est devenu plus qu'urgent de prendre le taureau par les cornes afin de combattre efficacement la bête immonde qui a déjà «commis» des dégâts incommensurables dans notre pays. Surtout à la veille du Ramadhan, pour que le mois de piété ne devienne pas le mois de l'intolérance et du déni de l'autre. La mobilisation est plus que nécessaire. Le ministre des Affaires religieuses ne peut rien faire à lui seul. Les ministères de l'Intérieur et de l'Information, par exemple, ont un rôle important à jouer. Malheureusement, il ne faut rien espérer du côté des législateurs pour renforcer l'arsenal juridique existant. On a vu, à l'APN, comment des «députés» qui vivent grassement avec l'argent du contribuable sont sortis de leur légendaire léthargie pour fustiger un projet de loi protégeant la femme contre les violences.