Alors que la décision de l'OPEP de maintenir son plafond de production n'a pas été sans conséquence sur les prix du baril qui s'est déjà installé sur une courbe fléchissante, il faut désormais prendre en considération les négociations sur le nucléaire iranien, dont les possibles répercussions accentuent d'ores et déjà l'incertitude au sein du marché pétrolier. Certains analystes avancent en effet l'hypothèse d'une baisse plus durable des cours au cas où un accord est trouvé sur la levée des sanctions occidentales contre l'Iran, ce qui aurait pour résultat immédiat d'enrayer les profits engrangés ces dernières semaines suite à une relative stabilité des prix entre 64 et 65 dollars le baril de brent. Il est à noter que les prix du pétrole ont amorcé une légère baisse hier, en cours d'échanges européens, lors de la première journée de cotation de la semaine. Le baril de brent de la mer du Nord pour livraison en juillet valait 63,07 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 24 cents par rapport à la clôture de vendredi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour la même échéance perdait 35 cents à 58,78 dollars. Pour expliquer cette baisse, les analystes cités par les agences de presse estiment que les investisseurs reportaient leur attention sur les négociations sur le nucléaire iranien après la réunion de l'OPEP, vendredi. Il est à rappeler que le groupe 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) négocie depuis l'automne 2013 avec l'Iran pour trouver un moyen de contrôler ses ambitions nucléaires en échange d'une levée des sanctions internationales. L'Iran a affirmé, la semaine dernière, que des progrès importants avaient été accomplis dans le texte final. Si les sanctions internationales contre l'Iran sont levées, le pays pourrait produire un million de barils de pétrole par jour supplémentaires dans les six à sept mois qui suivent, a précisé le ministre iranien du Pétrole lors du séminaire de l'OPEP, la semaine dernière. Cette perspective pourrait peser sur les cours, dans un marché qui souffre depuis des mois de la surabondance d'offre mondiale. La voix de l'Iran commence à se faire entendre de plus en plus ces derniers mois, comme à la veille de la réunion de l'OPEP. Le ministre iranien du Pétrole, Bijan Zanganeh, a indiqué que l'OPEP devait réexaminer son offre de brut sur le marché car le surplus a entraîné une chute des cours. «Il est très clair que nous avons une offre excédentaire sur le marché et que ce surplus exerce une pression sur les prix», a affirmé M. Zanganeh, pour qui ce problème requiert une «décision appropriée» de la part de l'OPEP. Le ministre iranien a ajouté : «Il nous incombe désormais de réexaminer la situation et de prendre une décision appropriée pour équilibrer le marché, mais il faut pour cela un consensus de tous les membres de l'OPEP.» L'Iran s'est montré critique à l'égard de certains pays exportateurs de pétrole, accusés d'inonder le marché. Selon les analyses des agences de presse, l'Iran entrevoit une nouvelle période post-sanctions et escompte bien regagner des parts de marché après que sa production pétrolière ait chuté de 60% à un million de barils par jour du fait des sanctions occidentales sur ses secteurs de l'énergie et de la finance.